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San Francisco : millionnaires et sans-abris, la ville du tout ou rien

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“Tout ou rien”, c’est ce qui vient à l’esprit quand on découvre la baie.

Tout, c’est pour les “techies”, ceux qui ont participé au Tech Boom de la toute fin des années 90, lors de l’arrivée d’Internet. Avec plus de 750 000 jobs alloués au secteur de la tech, le phénomène est comparable à un énorme monstre, qui a englouti et transformé pas mal de choses sur son passage. Le changement le plus notable, c’est la hausse vertigineuse des loyers : comptez $3 000 (2 500€) au bas mot pour un deux pièces dans un quartier pas foufou… L’équation est simple : tech boom = gros salaires pour les techos = explosion subite des loyers = habitants expulsés et gentrification effrénée.

C’est là où le Rien intervient et prend le visage de la pauvreté extrême. Bien sûr, la hausse des loyers n’est pas la seule responsable. Le problème de la prise en charge médicale des maladies mentales, entre autres, est tout aussi inquiétante. Lors d’une dépression, la plupart des citoyens n’ont pas accès à une thérapie. Dans l’impossibilité d’aller travailler, ils finissent licenciés, ne peuvent plus payer leur loyer et atterrissent dans la rue. On voit ainsi fleurir des rangées de tentes sur le bord des trottoirs du quartier de Mission, et un peu partout dans la ville. Ils sont des centaines à vivre dehors, même avec un job.

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Ça ne s’arrête malheureusement pas là : quand s’ajoute le problème de la drogue, ça donne le Tenderloin, quartier du centre de la ville. La rue principale ressemble à un cauchemar sous crystal meth, et les allées adjacentes à une descente de crack. C’est le rien de rien, là où il n’y a plus de retour possible. Le Tenderloin c’est aussi le quartier d’Aunt Charlie’s et de ses drag shows devenus culte, celui de la libération sexuelle et des artistes de tous bords.

Il existe tout de même une classe moyenne, composée d’artistes vivant pour la plupart entre San Francisco et Oakland, cumulant entre 3 et 6 jobs et vivant en coloc ou dans des warehouses. Les groupes passent beaucoup de temps en tournée, et on a rencontré pas mal de gens qui partent travailler 3 mois dans des fermes de cannabis : c’est très bien payé et ça permet de vivre le reste de l’année. Avec la légalisation de la weed en Californie en janvier prochain, il faudra trouver encore un autre système…

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Malgré tout, San Francisco est belle, ouverte, tolérante et progressiste. L’entraide est réelle, et au cœur de ce tout ou rien demeurent beaucoup d’espoir et de créativité, terreau fertile de la capitale de la liberté.