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[ITW] Rafael Sliks expose à la galerie Ground Effect

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La galerie de street-art Ground Effect a inauguré la semaine dernière l’exposition Pulso, consacrée  à l’artiste brésilien Rafael Sliks. Sliks est une figure de la revendication sociale du pixaçao, courant impulsif et ultra violent né à São Paulo comme mouvement anarchique, et aujourd’hui plus proche de l’art urbain contemporain.

Comment est née la galerie ?

La galerie c’est le point de rencontre des univers, milieux et envies de trois fondateurs, à la croisée entre street art, art contemporain et tendances urbaines. Ground Effect répond à l’envie de repousser les limites de la galerie d’art traditionnelle, de l’agence d’artistes, la rendre accessible à tous et garder le principe même d’une rue finalement. Nous avons voulu légitimer la création d’artistes qui n’avaient pas forcément voix au chapitre, nous placer comme porte-parole de la création en mouvement, sortir l’art du cadre. C’est comme ça qu’est né le « labyrinthe » que l’on connait et que l’on retrouve sous le bitume des Grands Boulevards.

Quel est l’objectif de cette galerie ? Est-elle revendicatrice ?

Notre envie première est de se départir de l’étiquette de galerie comme simple endroit de rencontre entre les différents acteurs du marché de l’Art. Nous n’y montrons d’ailleurs pas seulement de l’art « à vendre », nous évoluons avec toutes sortes d’artistes, de sensibilités et à travers différents formats : festivals, projections, événements dans l’espace public…

Ground Effect est un hub de talents de notre génération. Cela passe également par la mise en avant d’artistes confirmés dans un esprit de cooptation, tout en braquant la lumière sur de très jeunes artistes, de tous horizons confondus.

Nous avons repris les codes de liberté et d’indépendance du graffiti: nous voulons changer les codes, les dogmes de la galerie traditionnelle. Nous sommes une galerie, une agence, une maison, en fonction de la matière que nous avons entre les mains.

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Peux-tu nous en dire plus sur l’exposition Pulso ? Quel est le message ?

Pulso correspond en tout point avec notre identité. Il s’agit d’un voyage, d’une évolution d’un point à un autre. Au départ, le pixaçao est un mouvement ultra-violent né à São Paulo ; il a muté en un art plus mature, plus intelligible, plus posé sans se départir de l’élan primaire à la base de l’œuvre de Rafael Sliks : la revendication sociale, le besoin d’exister. La finesse du trait et des techniques de création de Rafael Sliks mettent en valeur et appuient cet ADN brut de la rue. Pulso c’est l’image de la dichotomie entre violence engagée et création maitrisée. C’est une main tendue.

Comment définirais-tu l’œuvre de Sliks ?

Dans Pulso, on retrouve une diversité, une pluralité des médias au travers des oeuvres : writing, graffiti sur toile, oeuvres figuratives, compositions abstraites… On pourrait penser qu’il y a plusieurs artistes derrière l’ensemble.

On part de la lettre pour créer des paysages abstraits, d’une figure pour livrer un message d’espoir, du chaos pour retrouver la sérénité, du béton brut vers la nature. C’est cette pluralité, cette richesse et la difficulté de ranger l’œuvre de Sliks dans une case précise qui nous plaît.

Que retrouve t-on comme similitudes entre le Sliks « d’aujourd’hui » et de ses débuts ?

Le pixaçao, aux origines de ce qu’est Sliks aujourd’hui, ne donne pas de parole car c’est un mouvement sans légitimité artistique reconnue. Cette parole, cette légitimité, ce sont les pichadores qui la prennent de force. Si les médias d’expressions ont changés et évolués pour Sliks, la volonté de se faire entendre demeure, d’où la nécessité de maitriser plusieurs langages artistiques, que l’on retrouve dans Pulso.

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Quels sont les autres projets à venir pour la galerie ?

Nous pensons 2018 à l’image de cette première année. Toujours dans l’idée de défricher, de faire émerger, en restant accessibles, nous prévoyons un group-show pluridisciplinaire (photos, peintures, multiples) pour le début de l’année, avec des artistes que l’on n’a pas encore présentés, mais qui suivent et contribuent à Ground Effect depuis le commencement.

Egalement, plusieurs solo-shows d’artistes à différents stades de leur carrières. KO, artiste franco-chinois découvert par Ground Effect ; Babs, artiste polymorphe confirmé; Bockhaus, artiste contemporain américain. Ils ont en commun d’ouvrir nos horizons sur le territoire parisien comme à l’international, ainsi que dans les formes présentées.

Un autre chantier en perspective. Nous tenons à notre lieu qui fait partie de notre identité. Mais nous pensons à faire grandir la galerie et donc à repousser nos murs. C’est un défi de taille, d’un point de vue humain et financier pour une institution jeune comme Ground Effect : il s’agit de faire comprendre que l’on peut nous faire confiance.

Le street art est un art à la fois ancré dans la société et en opposition contre le système. Finalement, fait-il partie de la pop culture ?

Chacun peut s’emparer du street-art, l’appréhender comme il l’entend, chacun le voit, l’apprécie ou même le subit chaque jour, dans la rue. Si le street-art tend de plus en plus à adopter les codes de l’art contemporain (en pénétrant ses sphères « élitistes » notamment), il s’en éloigne par son intelligibilité immédiate, la multitude de ses formes et n’en est pas moins un objet éminemment pop, bien que clivant. Nous souhaitons nous ériger en tant que maison dispensaire, protectrice et nourricière de cette pop culture en perpétuelle mutation.

Pulso, jusqu’au 14 décembre à la Galerie Ground Effect (160 rue Montmartre, Paris). Page Facebook de la galerie – Event de l’exposition