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H.E.A.D. Will Roll ! La mode en streaming

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Le défilé de la HEAD est un événement qui provoque pas mal d’excitation pour la jeune génération de créateurs. Cette année, il sera livestreamé !

Chaque année depuis 2015, la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève organise un défilé désormais très attendu par le public et les professionnels de la mode. Sous la direction de la talentueuse Léa Peckre, seront ainsi présentées les collections de 23 Bachelor et 8 Master à un jury prestigieux, composé notamment de Serge Ruffieux (Carven) comme président, Glenn Martens (Y/Project), Alice Pfeiffer (Magazine Antidote) ou Stephen Jones (Stephen Jones Millinery).

Loin de l’idée d’un petit monde excluant, la HEAD innove et rend la mode accessible! Pour tout ceux qui n’auront pas pu se déplacer en Suisse ou acheter leur place et pour la toute première fois le défilé sera diffusé en streaming live ce soir à 20h sur le site de la HEAD et sur la plateforme des talents émergents Not Just a Label.

Mais la nouveauté ne s’arrête pas là : aux Prix Bachelor Bongénie et Prix Master Mercedes-Benz – remporté l’année dernière par la brillante Vanessa Schindler – s’ajoute le Le Prix La Redoute x HEAD, avec à la clé l’opportunité de créer pour la Redoute une collection capsule pour l’été 2018.

Tout ça était si excitant qu’on a voulu voir un peu plus de l’intérieur : quelques questions à Alice Pfeiffer, jury et rédac chef d’Antidote.

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Tu es à Genève comme membre du jury du défilé de la HEAD. 31 collections (23 de Bachelor et 8 de Master), ta mission de jury est costaud! Comment tu t’y retrouves?

Coucou ! Ce qui est bien fait, c’est la répartition des métiers dans le jury : deux créateurs avec deux univers vraiment différents, un créateur d’accessoire, une journaliste de presse locale, une boutique locale, une boutique française et moi-même. On est donc obligé de sortir de sa logique habituelle, de ses réflexes professionnels, de ses goûts personnels, des tendances actuelles et penser au travail de la personne, à son futur dans le marché de la mode. Il faut faire attention à ne pas se laisser porter par l’affect (une personnalité touchante, des questions qui nous parlent personnellement etc). La discussion est constante et jusqu’à la dernière minute, c’est une remise en question de son propre jugement qui est un exercice fascinant.

Tu es spécialisée dans la portée sociologique de la mode, est-ce que cela influe sur ton jugement ?

Oui, comme je l’évoquais, j’ai tendance à me concentrer sur le récit, la place, la structure sociale dans laquelle habite le vêtement, ce qu’il raconte de l’époque, ce à quoi il s’oppose. Pourtant, je dois également travailler à regarder le vêtement de près, la coupe, le travail des matières, l’innovation technique, et c’est pour ça que c’est extrêmement bénéfique d’avoir autour de moi des personnes comme Glenn Martens et Serge Ruffieux.

Tu as déjà pu découvrir les collections qui seront présentées ce soir, quelles tendances y vois-tu se dégager ?

Hormis les classiques (questions de genre et de vestiaires brouillés), on voit vraiment la tendance Balenciaga et néo-Margiela ressortir – du sportswear déstructuré, un anoblissement de matières pauvres et au contraire, une “urbanisation” de textiles et codes luxueux.

Des concours de mode il en existe pas mal, qu’est-ce que celui-ci a de particulier ? Penses-tu que le fait que l’école soit basée en Suisse ait une incidence sur le processus créatif des élèves ?

La HEAD possède une rigueur qui n’est pas classiciste, on voit surtout une véritable maturité qui ne fantasme pas pour autant un chic bon chic bon genre. Ils sont particulièrement avancés, même au niveau bachelor : le statement est abouti, la technique aussi. La communication et les supports visuels également : ils ont appris, en bons millenials, à diversifier leur vision sur une rangée d’outils et de supports différents ! Et puis la Suisse est proche de la France, ils ont donc des profs qui viennent de Paris chaque semaine, un grand soutien de l’état et des manufactures locales, ce qui aide également.