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Irving Penn exposé au Grand Palais

Picture of Self (1948)

Picture of Self (1948)

A l’occasion du centenaire de la naissance du photographe Irving Penn, le Grand Palais lui consacre une rétrospective.

Irving Penn, principalement connu pour son travail pour le magazine Vogue, a créé durant 70 ans des portraits poignants, pénétrants, sans autre chose que son studio comme décor. Les 240 tirages exposés au Grand Palais, presque tous en noir et blanc, retracent ces 70 années de carrière sobre mais prolifique, durant laquelle Penn semble avoir mis un point d’honneur à sublimer chaque modèle de la même manière, qu’il soit mannequin ou boulanger, Français ou Péruvien.

Truman Capote (1948)

Truman Capote (1948)

En tant que photographe de mode, Penn commence par mettre en valeur des personnalités : Stravinsky, Hitchcock, Hepburn, Bacon ou Saint Laurent passent devant son objectif. Vogue lui laisse carte blanche à pour la mise en scène des séances ; il reste minimaliste, coinçant par exemple ses modèles entre deux murs pour amplifier les poses. Plus tard, dans un décor qui deviendra fétiche, il photographie avec un seul objectif en tête, faire tomber les défenses de ses sujets pour révéler leur essence. C’est en réalisant les clichés des plus grands mannequins de l’époque qu’il rencontre celle qui l’accompagnera toute sa vie, Lisa Fonssagrives-Penn.

Mais la partie la plus touchante de son œuvre se trouve dans ses clichés de voyages, toujours pour Vogue. En 1948, il part au Pérou, et photographie les habitants de Cuzco dans un studio de fortune. Enfants, familles, travailleurs… Les poses prises par les sujets dénotent d’un grand sens de la mise en scène de la part du photographe. Entre 1967 et 1971, il transforme une tente en studio itinérant et part photographier des habitants de Nouvelle-Guinée, du Dahomey (actuel Bénin) et du Maroc.

Enfants de Cuzco (1948)

Enfants de Cuzco (1948)

De ces trois voyages, Irving Penn dira : « Le studio est devenu, pour chacun d’entre nous, une sorte de zone neutre. Ce n’était pas chez eux, puisque j’avais introduit dans leur vie cette enclave étrangère. Ce n’était pas chez moi, puisque je venais évidemment d’ailleurs, de très loin. Mais dans cet entre-deux, nous avions une possibilité de rencontre qui fut une révélation pour moi et souvent, je peux le dire, une expérience émouvante pour les modèles eux-mêmes, qui, sans un mot, par leur seule attitude et leur application, arrivaient à en dire assez pour combler le gouffre entre nos différents univers. »

Penn met en avant l’humain de manière brute. En témoignent les clichés de la série des “petits métiers” réalisée entre Londres, Paris et New York : exit les mannequins, on voit ici des laveurs de vitres, poissonniers, bouchers, etc. Le physique, aussi, est dépeint dans son entièreté. Les magnifiques nus montrent des corps tordus, parfois vieillis, aux morphologies diverses, mais tous beaux car tous égaux.

Nude No. 72 (1949)

Nude No. 72 (1949)

Exposition Irving Penn, du 21 septembre 2017 au 29 janvier 2018 au Grand Palais – billetterie.