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Le Redoutable, hommage moqueur

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Avec Le Redoutable, Michel Hazanavicius s’essaie à un jeu risqué : raconter la vie de Jean-Luc Godard, l’enfant terrible du cinéma français.

Et plus particulièrement à une période, celle sur laquelle il est le plus facile de le tourner en dérision : ses années maoïstes. Notre première réaction a été de se demander comment allaient cohabiter le style potache d’Hazanavicius et ce moment charnière de la vie de Jean-Luc Godard, lorsqu’après l’échec (tout relatif) de son film La Chinoise, il décide d’arrêter le cinéma et se consacre à son engagement politique. Plus encore, Jean-Luc décide tout simplement de ne plus être Godard, le réalisateur à la renommée internationale.

Le film, découpé en plusieurs chapitres, nous dépeint un artiste incompris mais aussi incompréhensible, qui souhaite renoncer à la gloire passée de ses films connus de tous pour se fondre dans une idéologie révolutionnaire. Il souhaite notamment faire disparaître la notion d’auteur, qui ne peut correspondre à l’idéal révolutionnaire Maoïste, pour privilégier la décision collégiale. La doctrine de son nouveau groupe sera résumée dans son manuscrit Que Faire, dont voici les huit premières idées :

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Ne vous inquiétez pas, le film ne va pas s’acharner à vous expliquer ce que Jean-Luc Godard entend par “la conception idéaliste et métaphysique du monde”, mais plutôt à dépeindre la caricature d’un auteur célèbre qui ne veux plus l’être, d’un leader qui ne veut pas diriger.

A ceux qui pensent aller voir un film sérieux sur le cinéaste, nota bene : c’est un hommage sur le ton humoristique, dans le bon comme dans le mauvais sens. Le film est moqueur et parfois réducteur ; mais pas irrespectueux. Il tourne parfois au ridicule Godard en le dépeignant comme un bourgeois auto-centré en plein caprice révolutionnaire, c’est-à-dire tout ce contre quoi il disait se battre. Louis Garrel a des réflexions qui semblent sorties tout droit de la bouche d’Hubert Bonisseur de la Bath, s’engageant dans un combat qu’il semble ne pas maîtriser. Pourtant, l’engagement et la détermination de Godard l’avait mené à faire annuler le Festival de Cannes en 1968.

Le biais est assumé : Hazanavicius dit avoir fait un film « non pas sur Godard, mais sur une histoire d’amour» ; celle avec Anne Wiazemsky, ex-femme du réalisateur et auteure du livre dont Le Redoutable s’inspire, Un An Après. Cela donne une histoire racontée du point de vue de cette jeune fille à l’époque. Son admiration d’abord, puis sa lassitude. Il comporte bon nombre de références au cinéma de Godard.

Le Redoutable de Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel et Stacy Martin, en salles le 13 septembre.