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[ITW] Clara Luciani : amour, musique et mélancolie

ClaraLuciani

Clara Luciani était de passage à Rock en Seine le week-end dernier pour défendre son premier EP “Monstre d’Amour”.

Tu as dit dans une interview que la genèse de ton album était une rupture difficile ? Est-ce que ton objectif c’était d’essayer de te détacher de tes sentiments ?

Je me souviens pas avoir dit ça… Enfin je l’ai sûrement dit,  je devais être un peu énervée. Mais non, honnêtement quand j’essaie de trouver le sens de la vie, je ne vois pas d’autre réponse que les sentiments et l’être humain, ce qu’il est capable de donner en terme d’amour…

Il faut donc se méfier avant de plonger ?

Oui c’est sûrement l’erreur que j’ai faite, et que je ne ferai plus. Je pense qu’il y a plusieurs façons d’aimer ; malheureusement, quand c’est notre premier amour on a tendance à aimer éperdument sans se préserver. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas aimer, mais qu’il faut aimer avec prudence, peut-être. Même si ça fait écrire des chansons d’aimer à corps perdu, c’est pas quelque chose que je pourrais vivre tous les 6 mois, sinon je serais en très mauvaise santé [rires].

Quand tu écris, c’est un processus cathartique ?

Clairement, oui. Ça m’a complètement sauvée, c’est quelque chose qui me fait du bien. Je peux écrire des chansons ou autre chose ; quand j’étais plus jeune, j’écrivais des textes qui n’aboutissaient jamais à rien. Mais pour moi, c’était nécessaire de le faire, j’ai vraiment ce truc-là. Je dessine aussi beaucoup, très mal, mais c’est important pour moi. J’ai besoin d’exprimer ces choses-là. Je suis tout le temps en train de citer cette phrase d’Otto Dix qui est devenue une espèce de mantra pour moi : « Tout art est exorcisme ». Lorsqu’on est hypersensible, on a l’impression que tout nous atteint plus. La solution, c’est de s’exprimer artistiquement.

Lorsqu’on est hypersensible on a l’impression que tout nous atteint plus. La solution, c’est de s’exprimer artistiquement.

Tu te verrais composer sans le besoin d’exorciser ?

Je crois que j’aurai toujours besoin d’exorciser quelque chose, je pense que la vie nous laisse rarement tranquille et que quand ce ne sont pas des ruptures amoureuses, ce sont des réflexions sur la vie dans sa globalité, ou bien des prises de conscience existentielles…  Je pense que j’aurai toujours une bonne raison de me plaindre [rires]. Mais ça peut aussi être autre chose, tu vois par exemple « Pleure Clara Pleure » c’est une chanson hyper second degré. En tout cas j’espère avoir toujours quelque chose à dire parce que si je ne trouve plus je serai un peu dans la merde [rires].

Tes chansons sont en général assez tristes…

Je pense que dans mon album il y aura des chansons un peu plus solaires, sans que ce soit forcément la fête du slip ! Je n’écoute pas forcément des chansons comme ABBA, des chansons joyeuses pour danser. Je n’ai jamais envisagé la musique comme un truc pour danser mais comme quelque chose de prenant, à écouter… Il m’arrive bien sûr d’écouter des chansons sur lesquelles je peux danser comme Arcade Fire ou Talking Heads, mais ça n’a jamais été ma priorité. Je n’écris pas des chansons pour que les gens dansent… Après sur l’album il y en aura des plus joyeuses, normalement.

Je n’ai jamais envisagé la musique comme un truc pour danser.

La musique, c’est quelque chose qui accompagne ?

« Accompagner » c’est peut-être un peu passif comme terme. Il m’est arrivé d’être obsédée par des chansons qui sont tristes ou juste douces, planantes… Je pense à Nick Cave ou à Nick Drake, les deux Nick de ma vie [rires]. Ils font des chansons un peu ténébreuses que j’écoute beaucoup !

Tomber amoureuse : bonheur ou malheur ?

Il y a différentes façons d’aimer, je suis en train de l’apprendre et c’est important… Quand on est jeune, on a tendance à vouloir jouer à papa et maman rapidement, à s’installer, se donner complètement… C’est un passage obligatoire parce que quand tu l’as fait une fois et que ça t’a brisé le cœur, tu te trompes rarement une seconde fois. Il y en a qui ont plus de malchance que d’autres, mais je pense que l’amour quand c’est fait correctement, c’est quelque chose de fabuleux.

On t’a vue en collaboration avec Nekfeu ? Est-ce qu’il y a un autre artiste avec qui tu aimerais collaborer ?

PNL peut-être… J’adore PNL pour leur mélancolie, encore un fois on revient à la mélancolie, c’est très beau… Il y a une espèce de truc un peu désabusé, très Baudelairien, j’adore ! C’est hyper sensible et je comprends pas tous les trucs qu’il y a autour d’eux, je les trouve vraiment brillants….

L’utilisation du vocoder ?

Ça, je ne comprends pas !  C’est comme si les gens se moquaient de moi parce que ma guitare coupait au milieu d’une chanson. C’est un instrument… Ils se sont dit quoi ? Que les mecs parlaient comme ça ? Non, c’est un effet en fait [rires]. J’en ai marre de ce bashing…

Quelles sont tes inspirations musicales ?

C’est assez divers, ça peut aller de trucs classiques style Jacques Brel ou le Velvet Underground à des trucs plus punk, garage, psyché… Mais plutôt du rock quoi !

Tu vas sortir un album en janvier/février, tu as prévu des projets pour la suite ?

Franchement quand on commence à vivre de la musique, on se rend pas compte que le truc le plus dur c’est de planifier le futur. Je n’y vois pas trop clair dans mon agenda, j’ai toujours du mal, il y a toujours des trucs qui me tombent dessus. On aime bien s’en plaindre mais c’est aussi pour ça qu’on a choisi ce métier, c’est parce qu’il n’y a pas de routine…

C’est quoi ta définition de la pop culture ? Tu considères que tu en fais partie ?

Je pense que tous les contemporains font partie de la pop culture à leur façon. Pour moi, la pop culture c’est un peu lié à ce qu’on fait sur les réseaux sociaux, cette façon qu’on a de s’iconiser sur Instagram par exemple. Il y a un côté très pop, façon Warhol avec son quart d’heure de gloire. Il y a des inconnus qui deviennent des énormes stars alors qu’ils ne font rien d’autre que de prendre en photo leurs fesses, ou des trucs comme ça.

Pour moi c’est un peu ça la pop culture, c’est un peu cette façon qu’on a de starifier n’importe qui, ce culte de l’image grandissant… Et j’y contribue forcément, quand on est musicien ça passe aussi par les réseaux sociaux. Il n’y a personne qui fait de la musique et qui peut s’en passer : c’est une façon d’annoncer les dates, de faire passer des messages, etc.

Retrouvez toute l’actualité de Clara Luciani ainsi que son premier EP sur son site.