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ADRASTE – CHRONIQUEUR DE TABLE – LE 21 – N°8

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LE 21 Rue Mazarine (Paris 6ème)

Dois-je parler de lieux médiocres ou uniquement de ceux que j’ai envie de recommander ? Question difficile. Une chose est sûre, je ne veux surtout pas me concentrer sur les derniers-nés, les tamponnés fooding ou autres phénomènes de mode. Il y a trop de lieux qui méritent d’être mis en avant et dont on ne parle jamais ou très peu. Parmi eux, j’ai envie de vous parler d’un lieu secret, le genre d’adresse qu’on se refile entre potes. Ca commencerait par « Tiens, prends ce numéro, appelle Didier et dis-lui que tu es un ami ». Une fois sur place, au 21 rue Mazarine, vous pourriez passer sans le voir. Façade noire, pas de menu, pas de vue sur la salle. Passé la porte, Didier pourrait s’écrier en vous accueillant « Tiens cette fois tu es venu avec Madame». Vous seriez surpris, lui sourirait sans doute et la glace serait brisée.

Didier est un génie de la salle. Il habite le lieu avec Marie mais c’est lui qu’on vient manger. Il saura adapter sa blague en vous décryptant et surtout vous mettre à l’aise. En cuisine, c’est le poisson par Paul Minchelli. Le Duc, autre institution du poisson, c’était sa famille. Le Minchelli, incontournable du 7ème, lui aussi. L’association de Didier et Paul donne un mélange plaisant et drôle. L’assiette est avenante. En entrée, vous aurez du mal à choisir entre les classiques sardines et les pétillantes propositions du moment. En plat de résistance, le poisson joyeux et exubérant vous ravira délesté de cet aspect cérébral qui lui est trop souvent réservé. En mode « comfort food » comme disent les américains.

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Passé l’effet de mode à l’ouverture, cette jeune institution a trouvé sa clientèle, celle qui vient en couple ou en famille et dont les enfants reviennent à leur tour. Un enseignement pour les jeunes restaurateurs utilisant les réseaux sociaux pour faire vivre leur lieu. J’en suis convaincu : c’est par la nourriture bien sûr mais aussi par la salle qu’on se crée une clientèle d’habitués. Avant de communiquer au dehors, mieux vaut travailler au dedans à huiler la machine. Car passé le buzz, il y a quoi ? Le désert. Et il faudra défendre ses convictions pour le traverser et installer un lieu qui dure dans le temps. Où il n’y a plus de prétention. Où le service n’est plus sous pression. Où l’on sait avant de venir pourquoi on y vient. Au 21, la mutation est en train de s’opérer et Dieu qu’un maître en salle peut vous faire oublier un plat moyen et le transcender par des mots.

Vous l’aurez compris, Le 21 est une excellente pêche. Accueilli chaleureusement, vous goûterez au plus réjouissant des poissons. Vous adorerez et vos enfants aussi. Un conseil toutefois : si vous avez un nom à consonance américaine, changez le au moment de réserver. Didier n’accepte plus les résas : il en a marre des annulations de table…

Retrouvez toutes mes chroniques :

N°9 – Passerini

N°7 – Severo

N°6 – De La Critique Gastronomique

N°5 – Takara

N°4 – Breizh Café

N°3 – Le Train Bleu

N°2 – Faggio

N°1 – Champeaux

 

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