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ADRASTE – CHRONIQUEUR DE TABLE – CHAMPEAUX – N°1

n°1-1

RESTAURANT CHAMPEAUX – Forum des Halles La Canopée (PARIS 1ER)

Je vais à contre cœur aux Halles regrettant le manque de culture des politiques. Dans l’appellation pourtant tout était dit. A défaut de faire revenir les abattoirs en plein Paris, Il aurait fallu planter comme à Londres un Borough Market. J’évite le nouveau Starck où j ai « za » rien compris. Visiblement les clients non plus car après trois passages, c’est toujours désespérément vide. Philippe, avant toi Superpotato, le designer des Roka et Zuma de Londres, avait planté des cuisines ouvertes frondeuses et c’était beau. Mais Miss Ko à la sauce zartine, zoupe, non merci.”

Mais ce n’est pas le sujet ici. On déjeune chez Ducasse. J’ai croisé l’animal et, secret de coulisses, c est un Monsieur. Ses amis le diront : vous avez un problème, il est là. Vous énumérer ses faits d’armes serait trop long et vous dire que son palais a mangé plus que de raison, un euphémisme. Autant vous le dire, moi-même, je suis vendu : Rech est un des meilleurs restau de poisson de Paris et Benoit un bistrot magique. Seule la recette Allard ne fonctionne pas sur moi. Malgré tout persiste le regret qu’il ne donne à manger qu’aux riches, alors là, je suis excité. Ducasse aux Halles ce n’est sûrement pas un pléonasme.

A l’entrée, je suis déçu. La devanture affiche “restaurant lounge” avec un lounge rikiki et un tableau d aéroport. Je fais la moue. Les tables sont jolies et le nom est beau. La définition de champeaux est donnée : un restaurant fondé en 1800, place de la Bourse, qui servait de lieu de rendez-vous pour les financiers et les journalistes, immortalisé dans les romans d’Emile Zola. Malheureusement cette atmosphère a décollé avec le premier vol. La déco, elle, ne colle pas avec le nom et on se demande comment Mr Ducasse a pu faire une telle erreur. Ou alors il fallait l’appeler Orly-Roissy mais pas Champeaux, ni restau lounge. J’aurais aimé voir sur la devanture l’intitulé « brasserie » et faire disparaitre ce tableau d’aéroport affichant les plats à venir et dont tout le monde se fiche. Dans l’édition, on sait qu’un titre a une influence considérable sur les ventes d’un livre. Croyez-moi cela s’applique tout autant au nom d’un restaurant.

On s’attaque à la nourriture. L’onglet échalotes haricots verts est parfait. Je scrute le boudin qui arrive, parfait également. L’agneau est sublime. Que dire du poulet en crapaudine ? Un rêve absolu. Disons les choses simplement : vous trouverez un meilleur onglet dans tel ou tel bistrot, idem pour l’agneau mais ici, tout est à 15 sur 20. C est régulier, bon et parfaitement exécuté. On se laisse tenter par la mousse de la manufacture. Les chocolats de la manufacture ont de l’aspérité, mais ce n’est pas le cas de la mousse. Le café torréfié à la manufacture est franchement décevant. On est loin de la mouvance des jeunes torréfacteurs parisiens. Pour finir, on regrette le choix de vins lequel aurait pu être un peu plus dans l’air du temps voire un peu nature. Mr Ducasse, vous avez bien osé un prieuré Roch au Plaza, je suis sûr qu’un Pacalet aurait sa place sur votre carte, ainsi qu’une petite sélection de cocktails bien pensés. D’autant que la présence d’un vrai barman pourrait teinter l’endroit d’une couleur un peu plus joyeuse.

Mr Ducasse, je vous aime sincèrement pour votre œuvre mais pour un premier opus créé de A à Z, cela manque un peu de culture. Vous êtes toujours arrivé dans des lieux chargés d’histoire et vous y avez posé des œuvres de designers aux budgets body buildés. Chez Champeaux, c’est vous et donc votre âme qu’on vient voir. Il y a du goût, c est sûr. Un service avenant et un véritable cuisinier, on n’en disconvient pas (même si l’on regrette que la viande ne vienne pas toujours de France). Reste à réinterpréter la partition « Brasserie » en ôtant ce lounge pour Tom pouce. Vous gagnerez quelques couverts et la proposition gagnera en clarté. Quant au panneau d’affichage, je suis certain que les aéroports de Paris accepteront de le racheter à vil prix.

 Voilà, on est forcément exigeant avec notre meilleur ambassadeur mais soyons juste, une telle prestation du lundi au dimanche, on y vient et revient avec plaisir.”

Lounge

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