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[ITW] LenParrot, entre pop mélancolique et groove minimaliste

De son vrai nom Romain Lallement, LenParrot est un artiste passionné, à l’univers mélancolique et carabiné, agrémenté d’une touche de pop minimaliste. À l’occasion des Trans Musicales de Rennes nous l’avons rencontré.

 

LenParrot c’est quoi?

LenParrot c’est mon projet solo que j’ai commencé il y a un an et demi, parallèlement à Rhum For Pauline et après avoir joué pendant plusieurs années au clavier pour Pégase. C’est une aventure plus personnelle. J’écris des chansons de pop assez minimales.

Pourquoi LenParrot?

C’est un clin d’œil au premier album de Baxter Dury qui s’appelle Len parrot’s memorial lift, partenaire assez décisif pour moi dans une période pas forcément évidente, qui a précédé le début de ce projet solo, donc c’est une manière de lui rendre hommage car c’est un album important pour moi.

Tu dirais que c’est une de tes principales influences pour ce projet?

Cet album là en tout cas a été vraiment important. Il a influencé l’esthétique vers laquelle je me suis tourné quand j’ai commencé à écrire pour moi et moi seul.

D’autres influences?

Le deuxième album de Women, un groupe canadien. Sinon il y a Broadcast, Stereolab, Clinic…

Plusieurs de tes clips ont été fait par le duo Johanna Benaïnous et Elsa Parra, est-ce que tu comptes continuer cette collaboration?

J’ai découvert le travail d’Elsa et Johanna il y a un an et demi quand elles se trouvaient à new-York pour leurs études et j’ai été complétement séduit par leur travail. Je trouvais que c’était d’une élégance rare. Je leur ai témoigné mon admiration pour ce qu’elles étaient en train de faire. Lorsque j’ai commencé LenParrot, elles sont venues me voir en concert à Paris et quelques jours plus tard elles m’ont écrit pour me dire qu’elles aimeraient beaucoup réaliser l’ un de mes clips. J’étais plus que partant puisque je voyais vraiment l’esthétique dans laquelle elles se situent. À l’époque c’était que des photos, donc j’ai été subjugué par leur premier effort pour le clip de Gena et c’est  tout naturellement que je les ai mises à la direction d’Amadeo’s Wife cet automne. En effet, elles seront encore à la tête de mon prochain vidéo clip. J’espère que cette histoire pourra être pérenne et se multiplier au fur et à mesure des chansons, mais il y a plein d’autres personnes avec qui j’aimerais travailler sur les vidéos. Je vois par exemple une artiste comme Björk ayant eu des rendez-vous réguliers avec Michel Gondry et Chris Cunningham et qui pourtant a multiplié les collaborations. C’est un modèle assez élégant.

Aquoibonism c’est quoi?

Encore un clin d’oeil, cette fois-ci à Serge Gainsbourg qui a écrit cette chanson chantée par Jane Birkin qui est l’aquoiboniste. On pourrait presque relier ça à un courant philosophique, c’est une sorte de  pessimisme optimisme, une façon de se mettre en recul constamment, de se dire “À quoi bon?”. Pour une première sortie, je trouvais ça rigolo et en même temps un peu comme un pacte d’humilité de se dire que tout a de toute façon déjà été fait dans la pop, et donc, à quoi bon sortir quelque chose aujourd’hui? C’est surtout se laisser la possibilité de sortir quelque chose. C’était une manière ironique de souhaiter bon vent à ce premier EP et à la venue au monde de ce projet solo.

Si tu devais partir sur une île déserte, et ne prendre que trois albums avec toi, lesquels ce serait ?

J’emmènerais certainement The Noise Made By People de Broadcast parce que c’est comme ci tu regardais un film mais tu te le fais dans ta tête, Public Strain de Women et l’album éponyme de The Velvet Underground afin d’avoir un peu de tout dans les poches.

Y-a t’il des artistes qui t’inspirent en France pour leur façon de créer ou de percevoir le processus créatif?

Oui, les deux personnes auxquelles je pense ont une vision de la musique dans ce qu’elle peut avoir de pop et en même temps de très pointu. Je pense à Christophe Chassol, une personne rencontrée l’année dernière avec Pégase, ils étaient tous les deux les lauréats du prix Adami Deezer. On a joué ensemble au Casino de Paris et par la suite j’ai découvert son travail, ce qu’il appelle les Ultras-Scores, c’est à dire harmoniser le réel, les sons. J’ai été  particulièrement séduit par son album Indiamore que je me suis passé en boucle pendant plus d’un an. Je pense à Julien Gasc aussi, l’un des musiciens d’Aquaserge, qui a sorti son premier album l’année dernière et qui est également une personne que j’estime énormément. Sur la scène française il y a beaucoup de personnes qui figurent au sein du label la Souterraine que je trouve formidables, que ce soit Maud avec son projet solo Halo Maud ou O qui jouait hier (Olivier Marguerit de Syd Matters) ou encore Ricky Hollywood, pas mal de personnes que je trouve très talentueuses.

C’est quoi pour toi la Pop Culture?

C’est une sorte d’immense tiroir à l’heure actuelle parce que la pop est une sorte d’étiquette tellement mutante, multiple que, en somme, aujourd’hui la réelle pop ce n’est plus la pop mais plutôt du RnB puisque ce sont des artistes comme Drake ou Kanye West, Beyoncé ou Rihanna, qui sont les nouveaux rois de la pop. Donc je ne sais plus vraiment ce que ça veut dire mais, à la base, c’était de la musique populaire donc chacun en a son interprétation. S’il y a encore quelque chose à retenir du terme pop en 2015 c’est que cela reste accessible au plus grand nombre et c’est en cela lorsque je parle de ma musique et que je dis que c’est de la pop minimale c’est que j’ai encore cette prétention de souhaiter toucher le plus grand nombre. Ceux qui prétendent vouloir rester dans des petites castes se trompent de postulat à mes yeux. Si tu fais de la musique et souhaites la jouer devant du monde c’est justement pour pouvoir être à même de jouer devant le plus de personnes possibles et le plus de personnes susceptibles d’être sensibles à ce que tu écris et composes. Pour moi aujourd’hui la pop c’est parvenir à toucher le maximum de gens avec la musique que tu fais.

Un son par décennie ?

50’s = Phil Philips – Sea of love

60’s = The Beatles – Tomorrow Never Knows

70’s = Lou Reed – Street Hassle

80’s = The Smiths – This Night Has Opened My Eyes

90’s = Stereolab – Diagonals

00’s = Clap Your Hands Say Yeah – Upon This Tidal Wave Of Young Blood

10’s = Kurt Vile – Lost My Head There

LenParrot sera en concert au Point FMR le 11 février

Par Hélène Bourgois