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Interview: Julie Hardouin, DA du Batofar

Salut Julie, tu es DA du Batofar, le bateau mythique qui fête ses 16 ans cette année, ça fait quoi d’animer un tel lieu pendant autant de temps. Peux-tu revenir avec nous sur l’histoire de ce bateau-phare, votre programmation et ton parcours comme DA?

Alors, je suis à la programmation du club depuis presque 3 ans. Je n’étais donc pas là depuis le début. Ce qui ne m’empêche pas de vous parler rapidement de l’histoire du Batofar, bien sûr !

Le Batofar a été créé il y a 16 ans par une association qui avait déjà monté la Guinguette Pirate et, avant ça, un atelier d’artistes à Belleville : La Forge. Le club est né en plein essor de la culture electro Minimale et de l’explosion du phénomène à Berlin. Différents directeurs artistiques se sont succédés alors donnant des orientations légèrement différentes à la programmation tout en gardant comme axe principal la musique électronique dans sa diversité. Rafi (de la Rafinerie), par exemple, est resté 4 ans à la direction artistique et avait en son temps teinté de hip-hop la programmation.

Pour ma part, je ne viens pas de la nuit. J’ai travaillé longtemps en maison de disque (label Virgin) en tant que chef de projet, puis à mon compte. Parallèlement, j’organisais les soirées « Activist » dans différents lieux de Paris où on a fait venir Legowelt, Xosar, Orgue Electronique et bien d’autres !

La grille de programmation dont je me suis saisie en 2012 a tout d’abord eu pour objectif de pousser le club dans la cour des grands de laquelle il s’était un peu éloigné. En effet, à force de trop de booking orientés « Bass Music » (Dubstep, Drum & Bass, Dirty Electro, etc.), le Batofar se tenait un tout petit peu à l’écart de nouvelles grosses tendances qui (re) débarquaient : la techno, la house, l’electronica, l’acid, l’italo-disco par exemple.

A présent que c’est chose faite, et avec la grande concurrence du clubbing à Paris, l’objectif est de distinguer. Nous sommes une salle de musique alternative, nous essayons d’être défricheurs, le plus possible, avec toujours en tête cette équation compliquée d’être à la fois précurseurs et de toucher un vrai public pour autant !

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Le batofar est un lieu communautaire, un point de rencontre entre les amoureux de musiques, électroniques bien sûr, mais pas que. Quel est le secret de votre longévité ? Penses-tu que le lieu y soit pour beaucoup ?

Le secret de longévité du Batofar ? Selon moi il y a 3 ingrédients nécessaires :

1/ Une vraie programmation qui fait venir des artistes de l’étranger pratiquement chaque soir qui nous positionne comme une salle de spectacle vivant.

2/ Un lieu atypique avec plusieurs espaces (terrasse couverte ouverte toute la nuit, resto de nuit, salle de concert et club)

3/ La même direction depuis 16 ans. A la tête du Batofar, Mona faisait partie de l’association de départ et garantit donc une continuité depuis la création.

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Bordeaux accueille depuis 5 ans la petite sœur du Batofar, l’iBoat, qui a réveillé la nuit de la Belle Endormie, quels sont vos liens avec cette « antenne régionale » entre guillemets ? Partagez vous certaines tête d’affiches ou programmations ?

Nous avons la même direction. La famille va d’ailleurs s’agrandir dans l’année car Mona travaille à l’ouverture d’un autre bateau à Lyon : le Razzle.

Nous sommes proches des équipes de l’IBOAT. Nous essayons souvent de monter ensemble des double formats concert ou club, ce qui n’est cependant pas chose aisée tout le temps en raison des différences de positionnement. IBOAT est une grosse salle à rayonnement régional. Il est fréquent que des artistes qui jouent en concert à Paris dans des salles de type Bataclan passent à l’IBOAT lors de leur tournée en province. Idem pour les artistes programmés en club. Nous au Batofar, nous devons exister face à de nombreuses salles de capacité équivalente. Nous avons, de fait, un positionnement plus « underground ».

Au delà de la musique, votre bateau-phare change régulièrement de forme pour accueillir toutes sortes d’expositions (photo, design, street art…) et événements divers. Être protéiforme est-il une volonté ou un « impératif » pour vous ? Comment s’organisent les différents aspects de ces programmations ?

Nous avons une personne au Batofar, Marine, qui est en charge de la programmation sur la terrasse (en afterwork) et également de tous les événements en journée qui ont lieu sur notre « plage » à quai de Mai à Septembre. Elle fait un travail extraordinaire et travaille particulièrement sur cet aspect pluridisciplinaire de l’offre artistique. C’est effectivement à mon sens un atout certain de notre lieu.

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Que peut-on vous souhaiter pour 2015 ? Un très joyeux anniversaire ?

Oui un bel anniversaire ! Ce serait bien !

Pour ces 16 ans, nous nous sommes amusés à décliner le concept « BLEU » dans tous les espaces et toutes les propositions du Batofar.

Des jeux de lumières subtils créeront d’abord l’illusion que le bateau a changé de couleur (du rouge au bleu). Des animations gratuites seront proposées sur la terrasse pendant les 3 jours : barbes à papa bleues, tie & dye bleu peacock pour les cheveux des filles et des garçons, cartomancie, photo call… Les cartes des cocktails et du restaurant vous surprendront en se mettant au diapason ! Au niveau de la programmation, nous recevrons en concert la chanteuse Shannon Wright et le groupe de Dublin September Girls, ainsi que, côté club, 2 label nights (Public Possession et Swamp 81) et une soirée consacrée à l’agence de booking berlinoise Odd Fantastic.

Merci !

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