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Le vasco // interview


Dans la jungle musicale actuelle, Le Vasco est de ceux que l’on remarque. Féroces à cœurs d’or, ces 5 Parisiens s’installent peu à peu dans l’esprit et s’apprêtent à modifier les codes de la musique actuelle. En concert, Le Vasco c’est sauvage, animal, des rythmes froids et puissants sur des nappes de synthés organiques et des guitares d’une puissance rare, le tout est emmené par la voix habitée de Louise. Certains choisissent Fauve pour déverser leurs rages adolescentes, nous on préfère les mastodontes Le Vasco pour ne plus y penser.

On les a rencontré, ces mastodontes, qui sont en fait les mecs les plus sympas de la terre, on a parlé chiffons et musique.

–       L’année 2013 était plutôt dingue pour vous ?

Ouais il nous est arrivé pleins de trucs, c’est l’année de la découverte. On a formé notre groupe et commencé à faire de morceaux fin 2012. En 2013 les gens commençaient à nous découvrir et nous, on découvrait ce qu’était la musique, faire des concerts, d’avoir des gens qui te suivent, vivre un truc de groupe.

Si on résume de manière chronologique on a fait le Printemps de Bourges et on a eu un RDV avec notre tourneur, ça faisait déjà deux gros trucs en même temps. Après nous avons joué au festival Chorus, en off de Rock en Seine et tout de suite après on était programmé aux Transmusicales de Rennes. On a appris à avoir une vie de groupe plus professionnelle.

On a une expérience assez forte ensemble, on est parti une semaine dans les Balkans avec une association de banlieue, une tournée très «roots» sur les routes pendant 10 jours on a fait 9 dates, c’était très cool et ça nous a fait les pieds… c’est d’ailleurs la bonne expression (rires). La 1er date on a fait 22h de route et on ne dormait pas dans des vrais lits. Là-bas on était par terre sur des balcons, on avait ramené des tapis de sol. C’était une super expérience, c’était la première fois qu’on sortait de notre 91 natal où on connaissait tout le monde et où on avait joué un peu partout.

Pour la première fois, on jouait notre musique et d’autres personnes l’on découverte.  On rencontre pleins de monde justement, on a rencontré très tôt le chanteur d’Archipel par exemple.

– Ca devient vos potes en fait ?

Exactement et c’est un truc qu’on avait jamais fait avant, on avait nos potes du coup, ça nous a ouvert sur autre chose, et ca continue, c’est super important. Ca nous a également ouvert sur d’autres musiques qu’on faisait en France : Petit fantôme, JC Satan, Francois and The Atlas Mountains… tout le collectif Iceberg et ca nous a séduit. C’est agréable en fait de voir qu’ils ont le même âge que nous et qui sont dans une démarche assez similaire dans leurs choix de vie. C’est une année où on s’est rendu compte qu’il y a avait toute une génération et ca nous a appris a faire parti de ce milieu là, on a pu ouvrir les yeux.

– Un  peu comme Petit Fantôme, vous avez sorti un très beau site avec une mixtape en libre téléchargement, vous pensez que pour un artiste ca devient nécessaire d’avoir ce genre de démarche d’offrir un concept assez graphique autour de sa musique?

Ca dépend de l’artiste et de ce qu’il a envi de faire. On n’aime pas seulement faire des chansons mais aussi toucher au reste.

Quand on a créé le groupe le but c’était de créer un groupe de musique mais aussi d’avoir des sensations et de les exprimer sincèrement, on a tout de suite fait des clips & des photos en même temps que notre musique. A la base notre démarche était pluridisciplinaire. Aujourd’hui beaucoup de groupes s’attachent à avoir un univers graphique hyper développé à tous les niveaux. Quand je vois Beyoncé qui a sortie son dernier album avec plus de vidéos que de chansons, 17 clips je crois contre 14 titres…. On voit ça à tous les niveaux que ce soit en énorme major ou au plus bas niveau genre…nous (rires). Tout le monde essaye de créer un univers. Le but c’est de créer une identité.

–       Vous avez un live plutôt libre,  hyper puissant. C’est quoi votre état d’esprit avant d’entrer sur scène ?

On se concentre, on écoute de la musique. Souvent je m’assois et je fais le vide, ca peut durer 1 à 5 min, on se chauffe, tu te fais les épaules un peu tout ca, on se met de la musique puissante genre de la hard tech pour se mettre dans le truc, aller à la guerre quoi.

Apres ça dépend des moments, on a joué la semaine dernière, on avait fait beaucoup de route, et on avait pas forcement une grande énergie mais du coup on avait tous une concentration intérieure. Ca dépend des évènements, des fois on est énervé on joue pas du tout de la même manière. On parlait des Balkans tout a l’heure, un ingé son nous faisait des larsens tout le temps, et quand t’es hyper crevé, (c’était le 7eme jour), ça a tendance à t’énerver, le mec était pas très cool un peu bizarre en plus. (rires) On a joué d’une manière très énervée et  notre manager nous a dit que c’était l’un de nos meilleurs concerts !

On essaye d’avoir un ressenti et de l’exprimer le plus directement possible ! Je pense que ca correspond toujours à ça, c’est à dire qu’on essaye d’être sincère sur scène. Par exemple à rock en Seine, en off, on était surexcité, on était un sur un petit stand et on essayait de jouer notre musique le plus fort possible pour qu‘elle sorte du stand et que les gens viennent, et a la fin c’était blindé. On était super surpris.

 

–       Du coup pour aller au delà de la question précédente, une fois sur scène qu’est ce qu’il  se passe?

Le but c’est de faire un crescendo, on commence par des morceaux plutôt intérieurs, et le but est de faire exploser le live au fur et a mesure. Par contre notre dernier morceau est une ballade, comme on est allé assez haut sur l’énergie on essaye d’avoir du recul sur l’orage qu’il y a eu avant. Parfois on a peur de faire tomber cette énergie pour aller cherche un truc plus tendu et aérien, et c’est super intéressant de voir comment les gens reçoivent ça, mais la plupart du temps ils sont supers attentifs.  Parfois c’est frustrant, mais ca dépend encore une fois des concerts.

– Quelle chanson vous jouez ?

 

–       Ca pourrait ressembler à quoi une journée avec vous en tournée ?

On prend tout le temps le petit déjeuner ensemble le matin, on arrive a des heures différentes mais on se retrouve toujours en même temps.  Généralement il y a pas mal de thé et puis Nicolas prend un truc au Nutella super sucré. Bastien vient nous dire qu’il faut qu’on y aille (notre ingé son), en général on écoute beaucoup de musique dans le camion ou alors on dort. En vrai quand on a beaucoup de route on aime bien s’arrêter et visiter par exemple les cathédrales, on aime bien ça.

On essaye de vivre des choses ensemble, tous les trucs avec les groupies, la drogue et l’alcool ca n’existe pas pour le moment.

On est assez tranquille quoi: petit déjeuner au Nutella, on achète des Mentos et on visite des cathédrales c’est des moments simples autour desquels on se retrouve et c’est sympa.

Je me rappelle quand on est rentré de Serbie et qu’on se déposait chacun chez les uns et les autres, c’était marrant de voir à quel point on était aussi fatigués, en même temps on faisait la teuf tous les soirs, et on dormait 2h…

– On a parlé de votre clip « les indiens » sur BETC Music, vous avez une esthétique VHS, on voit presque les bandes passer sur le clip…du coup ce plan séquence autour de la piscine, ca raconte quoi ?

C’est un peu particulier, c’est un truc qui a été fait par deux amis Lilian Hardouineau & Antonin Mesnil. Ca partait de l’une de leurs idées qui était de faire un long plan séquence avec ce principe là de VHS, très dégradé où on voit les textures, le gros ralenti, cette image qui bouge un peu, qui flotte, toute cette esthétique là, ça venait d’eux.

Après au niveau de l’histoire, justement ce qui est intéressant c’est que c’est assez ouvert. C’est tellement simple que chacun peut y voir ce qu’il veut, personnellement je vois une fille un peu pommée qui vient de se faire larguer par son mec et qui bade.

Il y a comme un malaise dans son regard, elle te fixe, un rapport de tension entre la musique et ce regard soutenu très perceptible. C’est extrêmement lent et tu as envie qu’il y ait énormément de choses qui se passent, et en fait, non.

On n’était pas très serein au moment de la sortir, on avait conscience que ce clip et ce titre donnaient une certaine image du groupe. On a eu de longues discussions avec les réalisateurs pour modifier certaines choses.

Ce que je trouve agréable aussi c’est que tous les articles, on disent que le groupe fait des trucs très différents, c’est ça qui nous plait, ils ne nous stigmatisent pas, c’est super bien résumé à chaque fois. Ca donne un ton très juste sur nous, car on aime expérimenter des choses différentes. On est décomplexé sur ce qu’on fait.

– Pour revenir à l’actualité, vous avez signé chez Pop Noire, quels sont vos projets avec  eux ?

Là on a signé en édition on va développer nos œuvres, la prochaine chose que l’on va sortir sera accompagnée. On ne sait pas encore quoi, on veut sortir un album mais il faut voir si on a ce qu’il faut.

Dans le court terme on organise une Pop Noire night à Londres. Pop Noire est une famille, ils ne sont pas beaucoup mais quand tu es à Pop Noire tu n’es pas seulement dans l’édition tu es inclus aussi dans des projets et pleins d’autres choses. Du coup on se fait intégrer au truc et c’est chouette. On nous a proposé de faire un dj set de l’after show de the Savages…c’est cool, c’est des gens très biens, très intéressants.

– Quand je vous dis musique et marque, ca vous évoque quoi ?

Quand je pense à ça je pense à toute ces marques qui font de la pub à travers l’aide au projet ou ce genre de chose : Ricard qui organise pleins de concerts, le tour Ricard aussi, le Crédit Mutuelle qui accompagne les jeunes artistes, SFR jeune talent…

Pleins de marque font parler d’elles au travers d’évènements culturels, pour donner une image plus cool. En même temps ça permet aux artistes qui n’auraient pas forcement eu la possibilité de développer leur production d’évoluer.

C’est des marques qui ont des moyens et qui peuvent faire des trucs énormes. Ca fait 5 ans que ca explose, et j’ai l’impression que c’est une nouvelle manière de développer son projet, savoir comment ça march.

Lescop a fait, en tant que musicien des vidéos pour Yves Saint-Laurent, c’est une belle façon de se vendre. Un groupe de musique c’est aussi une marque, une identité, par exemple Odd Future qui a sa marque de vêtement c’est vraiment une identité.

Musique et marque c’est aussi un moyen de vivre de sa musique, de gagner de l’argent, pouvoir vivre de ce que tu fais. De nombreux artistes deviennent des marques : Rihanna, Beyoncé… ils font leur business. C’est super intéressant, C’est souvent des gens qui sont dans le métier, des musiciens qui viennent vers toi même si ils travaillent pour une marque, ils sont dans le milieu, ça donne confiance. C’est généralement bien pensé. Et les histoires d’éthique c’est tout à chacun, si tu n’as pas envi, c’est ton droit !