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Les bleus de Megumi Nemo s’affichent sur les murs de Paname

Sur le pavé ou le papier, cette illustratrice japonaise peint ses états d’âmes, ceux de l’enfance et du blues urbain. Rencontre.

La gravure sur bois, la linogravure, la lithographie, le pastel gras, l’aquarelle, le livre dʼimage, tous les supports sont bons pour Megumi Nemo. Et quand cette artiste n’est pas dans ses bouquins ou à jouer du ukulélé, vous pourrez peut-être la croiser dans la rue à coller ses affiches. Rencontre.

Tokyo calling
Née au Japon, Megumi fleurit dans un environnement artistique dès son plus jeune âge, son père dirigeant une grande imprimerie et un studio de photos, et ses grands-parents possédant une librairie à Tokyo. Diplômée des Beaux Arts de Tokyo, elle booste sa carrière avec des cours de dessin et d’aquarelle, et dès son arrivée en France, elle s’inscrit à des cours de gravure et de lithographie à l’atelier des Beaux Arts de Paris.

“Les odeurs de lʼencre, de lʼentrepôt de papier et des livres quand jʼétais enfant sont
toujours bien présentes dans ma mémoire.”

Tomber en amour avec la France
Son histoire avec l’hexagone, elle l’écrit dès la petite école, en fréquentant un établissement catholique fondé par 3 religieuses françaises. C’est d’ailleurs cette même spiritualité qui l’accompagne depuis, les lieux de culte lui procurant “une grande sérénité”. Arrivée à Paris, il y a presque 15 ans, ses débuts ont été quelques peu chaotiques, le choc des cultures n’aidant pas :“jʼétais venue en France avec la forte illusion dʼaméliorer mes talents et de rencontrer des artistes que je respecte.”

Un trait brut
Son inspiration elle la puise dans des visuels “simplistes et poétiques quʼon peut retrouver dans lʼunivers du peintre André François. Le trait est brut, naïf et très proche de l’enfance, rendant son dessin doux, tout en faisant passer des messages assez forts.

“Je ne voulais pas mʼexprimer avec un trait académique ou maîtrisé car cela procure un peu plus de surprise à la finalité de mes œuvres.”

Un bleu dans l’âme
Cette couleur de prédilection, elle va commencer à l’utiliser pour exprimer la tristesse ou les choses négatives, avant de la sublimer dans son quotidien :“Jʼai remarqué aussi que le bleu sʼadaptait assez bien à mes inspirations actuelles (lʼenfance, les oiseaux et la mer)”

Le rouge nippon
Si ses thèmes préférés sont la mer, “la Bretagne surtout” et l’univers marin, ils collent à merveille avec ses bleus urbains. Le rouge fera peu à peu son entrée dans sa palette, comme “un coquelicot qui fleurit même sur le béton” : une renaissance en somme. De cette rencontre entre le bleu et le rouge, on peut voir un mariage inconscient entre les couleurs des drapeaux de son pays natal et adoptif.

Le street art comme nouvelle lubie
A la recherche de nouvelles techniques et supports, elle tombe dans l’univers du street art il y a près de 5 ans et devient accro à l’affichage : “je cherchais une nouvelle manière de transmettre mes messages au monde. Jʼaime les réactions des passants qui me regardent coller en live et aussi de ceux qui publient sur les réseaux sociaux. Ils sont heureusement toujours bienveillants.”

 

En 2013, Megumi a publié son premier livre La tête tombée (chez SOC & FOC) présentant des techniques de gravure sur bois et de linogravure. Et elle présentera sa prochaine exposition Un vent léger du 3 octobre au 12 octobre à la Sway Gallery (18-20 rue de Thorigny 75003).

Megumi Nemo sur instagram.

CREDIT PHOTOS JULIEN LENEUF

Abigail Ainouz