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[POP TALK] Regina Demina : “j’ai cultivé ce qu’on m’a reproché le plus”

A Regina Demina rien d’impossible

C’est ainsi qu’on a retrouvé l’artiste pluridisciplinaire jury du prix littéraire de la Brasserie Barbès, juste avant la sortie de son nouveau single “Couzin”. Ce morceau, initialement composé pour la pièce Alma, dont Regina Demina est aussi l’autrice, continue de creuser le sillon inclassable dans lequel l’artiste ne cesse d’expérimenter. Quelque part entre la fin de l’adolescence, le foisonnement visuel d’un internet abyssal, des textes qui racontent et des mélodies plus pop, Regina Demina propose un univers total, du set design de ses clips, à la musique en passant par la réalisation et la performance.

Tu es danseuse et comédienne de formation, comment en es-tu arrivée à la musique ?
Je fais partie d’une formation de musique expérimentale, Music for Eggplant, depuis assez longtemps en vérité. On joue pas mal en Belgique, en Suisse et en Allemagne et c’est un collectif qui mêle performance, théâtre et musique. Et puis, dans les films que je réalisais, je mettais de la musique que je faisais moi-même, je faisais des pièces de théâtre qui intégraient musique et son, comme Alma. En gros j’ai cultivé ce qu’on m’a reproché le plus : on m’a dit plusieurs fois que je mettais trop de musique dans ce que je faisais, alors à force je me suis dit qu’il fallait peut-être que j’en fasse vraiment.

Tu explores beaucoup de media différents, ce serait quoi le prochain medium que tu voudrais travailler ?
J’ai l’impression qu’ils sont tous comme des vases communicants, mais je me concentre plutôt globalement sur la voix et le corps. Après, plus ça va et plus je m’intéresse à la scéno, ce qui est une autre manière d’explorer des formes de spectacle, parce que c’est ça qui m’intéresse : la narration et le spectacle. L’important pour moi c’est de proposer des visuels forts et immersifs.

Ton univers est assez coloré, glossy et brillant mais il y a toujours une part d’ombre assez sombre, d’où penses-tu la tenir ?
J’ai toujours été timide et mélancolique, déjà. Et puis j’ai fait une mort clinique quand j’étais ado, à 15 ans, et entre 15 et 17 ans on m’a dit que je pouvais mourir à tout moment, autant dire que ça a changé mon rapport à la morbidité pour de bon.

« Couzin » est un morceau que tu avais écrit pour ta pièce Alma, c’est qui ce Couzin ?
C’est un personnage en creux dans Alma. Couzin c’est le garçon qu’elle aime, et pour moi il est une référence à un souvenir d’ado : c’était ce mec qui traînait autour de notre bande, je ne le connaissais pas bien, mais il avait super mauvaise réputation et tout le monde l’appelait « cousin ». C’était une caillera en fait, et il était fascinant à cause de toutes les histoires qui se disaient autour de lui.

L’adolescence, c’est une période qui motive beaucoup ton travail ?
Oui, l’adolescence et la sortie de l’adolescence, même l’enfance. En fait, ce qui m’intéresse, ce sont les âges charnières, quand les émotions sont paroxystiques.

On lit souvent dans la presse ton nom apposé à « culture internet », ça te semble juste et justifié ? Et ça veut dire quoi pour toi « culture internet » ?
Ça fait partie des sigles journalistiques qu’on appose sur les gens pour les identifier. Pour moi c’est justifié et ça ne l’est pas : en effet je me documente sur internet et je peux avoir une esthétique qui s’apparente à des courants artistiques visuels internet, mais, pour autant, je ne me sens pas uniquement connectée à ça parce que je m’intéresse aussi beaucoup aux sources qui nourrissent les images qui se trouvent sur internet, et qui sont souvent référencées au-delà des années 2000. « Culture Internet » ça veut tout et rien dire parce qu’on trouve tout sur internet. Ou bien ça serait l’idée de profusion et du mélange de plein de références, et là je m’y retrouve parce que je ne suis pas une puriste de quoi que ce soit, j’aime bien croiser des choses qui n’ont rien à voir.

La suite c’est quoi ?
Il y a la sortie de deux singles, « Couzin » donc, et « L’Amour Monstre », un featuring avec Lester qui devrait sortir en septembre ou en octobre, selon le moment où on termine le clip que je co-réalise.

Talk & photo Agathe R.