General POP a désormais rejoint le réseau Prose On Pixels

[POP CREW] La Dynamiterie explose tous les compteurs


@Cha Gonzalez

La Dynamiterie est un collectif plein de ressources

[POP CREW] c’est un nouveau format qui part à la rencontre des collectifs qui redéfinissent la ville à coups de soirées, d’expo, de performances et d’événements en tous genres. On se placera plutôt depuis Paris, ses bâtiments historiques, RIP Notre-Dame de Paris, ses bars, ses galeries et ses clubs. Depuis un petit moment maintenant, le nombre de collectifs qui souhaite ajouter leur pierre à l’édifice des soirées parisiennes se développent à vitesse grand V. On est donc allé toquer à leur porte pour discuter ensemble d’eux, de Paris et des autres, on vous les présente chaque semaine.

Accrochez-vous pour l’épisode 4 de la série car cette fois-ci, c’est avec la Dynamiterie qu’on a papoté. Nathan Sarfati trace l’histoire d’un collectif détonant.

Comment la Dynamiterie a-t-elle été créée ?
À la base c’était un projet de festival dans une usine de dynamite dans le 77 mais le projet n’a jamais abouti. On a souhaité poursuivre l’idée en créant des plus petits évènements et c’est là qu’on a commencé les soirées Dynamiterie avec notamment les Dynamicales. C’étaient des évènements qu’on faisait les dimanches dans des lieux hors clubs.
Après on a fait un premier festival en 2015. Ensuite, on en a fait un autre en 2016, et le dernier, qui est vraiment l’aboutissement de ce qu’on voulait faire depuis le début, en 2018 au parc départemental des Guilands à Montreuil et Bagnolet.
Le projet de la Dynamiterie c’est de puiser dans les forces de la scène parisienne et francilienne pour faire résonner tous les artistes en Île-de-France. Pour le festival par exemple, on a beaucoup travaillé des acteurs locaux de Montreuil et de Bagnolet. On se considère plus comme un festival alternatif qu’underground parce que l’underground au sens propre, ça veut dire rester caché. Nous il y a vraiment cette volonté de s’ouvrir à différents publics et justement, ça passe par les différents acteurs avec lesquels on travaille.

C’est toi qui a été à l’initiative du projet ?
Le projet tel qu’il est définit aujourd’hui et tel qu’il va continuer à l’être oui. Sinon, pour être précis, c’est moi qui ai organisé le premier évènement, mais à la base, quand j’ai eu vent de ce projet de festival dans une ancienne usine de dynamite, j’ai simplement rejoint le truc sans en être l’instigateur.

Et aujourd’hui vous êtes combien dans l’équipe ?
Disons qu’on est entre huit et dix. Un noyau dur reste d’année en année mais on fait en sorte d’intégrer de nouvelles personnes pour donner une nouvelle dynamique au projet.

Ce sont lesquels les « pôles » que tu changes ?
C’est vraiment au gré des rencontres. Il y a pas mal de gens avec lesquels j’ai pu collaborer sur un évènement et les choses font qu’aujourd’hui, on monte des projets ensemble. Les pôles se montent en fonction des compétences de chacun.
Lorsqu’on organise une soirée, il y a la direction artistique, la production, la communication. Après, on s’aligne aussi beaucoup à l’évènement qu’on organise. Comme c’est pluridisciplinaire, il y a une échelle de pôle pour chaque activité.

Tu as des exemples de collectifs avec lesquels vous collaborez ?
Par exemple, l’un des concepts du festival qu’on a organisé l’année dernière était de proposer plusieurs scènes autogérées par certains collectifs. On offre un espace avec de la sécurité, de l’électricité, on leur donne un budget, et eux ils ont carte blanche. Ils viennent avec leur line-up, leur sono, leur décoration. Ça leur permet de s’approprier l’évènement et de proposer quelque chose à leur image. On a bossé avec pas mal de collectifs parisiens :  Ramdam, Parallele, Mic Mac…

Maintenant que la Dynamiterie est bien en place, quel est ton regard vis-à-vis de la multiplication des collectifs à Paris ?
Je trouve ça très intéressant, même en ce qui nous concerne. Il y a cinq ans, il y avait peut-être un peu moins de choses et on a vraiment participé à ce développement-là. Je suis super fier de ce qu’il se passe à Paris, dans la mesure où il y a plein de choix et que nous sommes aussi acteur de ce mouvement.

Tu trouves qu’il y a de la place pour tout le monde ?
Bah non c’est méga saturé !!! Dans Paris intra-muros, on se sent clairement à l’étroit, on préfère explorer des lieux au-delà du périphérique. Investir de nouveaux endroits est aussi un moteur pour nous.


@Cha Gonzalez

Et tout le monde a sa place ?
Évidemment ! Après, plus il y a de collectifs, plus il y en a dont je ne vais pas forcément apprécier la démarche parce qu’ils misent plus sur des schémas pas très risqués : on remplit des grosses salles, on fait payer cher, on monte des gros line-up. Moi je suis un peu moins fan de ça, mais c’est bien qu’il y ait des offres différentes pour qu’on puisse choisir ce qu’on veut.
Après, je fonctionne beaucoup plus par rapport à l’organisateur qu’au line-up. Par exemple tu vas à une OTTO 10 ou à une Alter Paname ou même une Microclimat, tu connais la vibe qu’il va y avoir là-bas. C’est ça que je recherche et je pense que c’est aussi ce que recherchent les gens aujourd’hui.

Est-ce que vous voulez promouvoir un style de musique en particulier ?
On est plutôt axé musiques électroniques. Au sein de nos évènements, on mêle des DJsets à des lives électroniques. Mais on n’est pas restrictif, nos goûts musicaux sont assez larges et l’avenir pour nous ce serait de faire jouer des groupes la nuit et des Dj en journée.
Personnellement, je ne promeus pas de musique en particulier, à part la musique qui fait danser et qui rassemble. On a lancé un label il y a deux ans, Dynamiterie Records. On a choisi des artistes qui avaient “l’ADN Dynamiterie” tant dans l’aspect musical qu’humain. Des artistes qu’on a soutenu et programmé dans pas mal de nos teufs auparavant.


Visuel par Hortense

Et sur votre label, c’est quel genre d’artiste que vous voulez produire ?
Le premier qu’on a produit c’est un artiste qui était sur nos premiers évènements, OHES. On a beaucoup aimé ce qu’il faisait et on a eu envie de donner d’autres couleurs musicales à notre projet.
Le 2ème qui vient de sortir, Robby & Stupid Flash, c’est un duo clavier-basse aux accents funk, house, jazz et disco. Ce qui nous a plu, c’est le côté multi-instrumentiste du projet qui crée une vraie dynamique en live.
Et le prochain qu’on aimerait sortir, si on oublie le coup financier que ça implique, ce serait un various avec d’autres artistes qui sont déjà des artistes de notre entourage. Il y a toujours cette politique-là de puiser dans les ressources locales. On veut promouvoir la scène parisienne. Le visuel aussi a pas mal d’importance. On essaye de créer une image autour de la Dynamiterie, qu’elle soit musicale ou visuelle.

Vous avez fait l’ouverture de la Cité Fertile le 10 mai dernier, c’est un lieu qui lutte pour la transition écologique entre autres. Est-ce qu’il y a certaines valeurs que vous voulez véhiculer à travers la Dynamiterie ?
Selon moi, ça ne devrait pas être une valeur. Le fait de respecter un lieu, de faire attention aux déchets et à sa consommation, ça devrait être inné. On ne veut pas forcément promouvoir un message particulièrement porté sur l’écologie. C’est quelque chose qui doit être dans le cahier des charges de chaque collectif, c’est de notre responsabilité.

Quelles sont les perspectives pour La Dynamiterie ?
Ce serait de pouvoir refaire le festival !
J’aimerais que les évènements gratuits, dans les parcs par exemple, deviennent une chose de l’ordre du « bien public ».
Dans le cadre du festival qu’on a fait avec le département de la Seine-Saint-Denis, on a investi un espace public, mais on était complètement en autofinancement. On n’a pas eu d’aides donc c’est très difficile rien que psychologiquement parce qu’il y a une énorme pression financière. L’idée serait de pouvoir faire des évènements plus accessibles, dans des espaces publics et de pouvoir toujours valoriser la culture alternative et les artistes émergents/locaux.

T’abordes la notion de « bien public » mais est-ce que tu n’as pas peur, si ça devient institutionnalisé, que ça perde de sa saveur ?
Bien sûr ! Il y a une frontière avec l’institution qui est très fine, je suis complètement d’accord. Ce qui m’intéresse beaucoup dans les démarches de festival c’est tout le jeu politique qu’il y a autour. Poncer toute la stratégie, choper plein d’assos de la ville pour montrer qu’on ne vient pas juste faire un truc dans un parc et qu’on veut vraiment créer un évènement qui soit intéressant pour le public et qui s’adresse à tous. Oui on flirte avec l’institutionnel, mais moi je préfère que de flirter avec des mecs qui te mettent des warehouses à 15 000€ et qui font que du business.
Tout ça en conservant notre nature d’évènements alternatifs, dans les prix, dans la consommation et sans avoir pour vocation de grandir pour autant. Je préfère conserver une atmosphère intimiste.

Est-ce que tu te verrais étendre La Dynamiterie à l’Europe ? Collaborer avec d’autres collectifs européens ?
Je n’ai pas encore eu cette réflexion à l’échelle européenne mais plus à l’échelle nationale. On a plein de bretons dans notre crew, à Marseille aussi,, et je trouve ça hyper intéressant d’aller voir comment ça se passe ailleurs. Après à l’échelle européenne, je ne pense pas encore avoir les moyens de le faire et je pense que pour faire quelque chose dans un autre pays faut vraiment s’imprégner de ce qu’il se passe là-bas.

 

ACTU :
Sauvage Sonique? dans le cadre de la Villette Sonique – scène à côté du Cabaret Sauvage du 8 au 10 juin.