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[POP TALK] Coming Soon, ça y est, c’est bientôt

On a parlé MySpace, cheveux longs et Juno avec Coming Soon

Vous les avez sans doute découvert en découvrant Ellen Page dans Juno, puis croisés en première partie du génie Adam Green et apprécié leur constance indie. On les a rencontré quelques semaines avant le nouvel album Sentimental Jukebox dont on vous avait déjà délivré un extrait par ici.

Coming Soon, qu’est-ce qui arrive bientôt ?
Le nouvel album et un concert à Paris le 11 octobre, qui marque le début de la tournée.

Il y a une petite histoire autour de ce nom, vous pouvez nous la raconter ?
En fait, c’est juste l’histoire d’un groupe qui n’avait pas de nom, on disait toujours que notre nom allait arriver. Un jour un américain nous a dit : « mais c’est hyper cool, appelez-vous comme ça, vous aurez de la pub gratuite à chaque fois qu’un magasin ouvre ». Il y a un autre groupe qui s’appelle « Coming Soon », c’est pas du tout le même genre de musique: ce sont 2 DJs israéliens qui font de la transe un peu hardcore et de la hardtek.

Vous avez toujours eu tous envie de faire la même chose ?
Je crois que pour le projet Coming Soon, on a toujours été d’accord : on a toujours senti que si on voulait faire des choses radicalement différentes, il fallait créer des groupes à côté. Et comme tous les groupes qu’on aimait le faisaient, ça n’a jamais été trop compliqué. L’aspect familial, aussi, aide à rester unis, à traverser le temps.

La famille c’est plus solide que les potes ?
Oui. Au tout début, on avait vraiment le même univers, on habitait presque ensemble, on allait aux mêmes endroits. Après 10 ans, on a tous des univers un peu différents, on a exploré plein de trucs, on est moins sectaires dans ce qu’on écoute. Mais on reste unis sur l’essentiel.

J’ai vu qu’une fille s’était rajoutée au projet, comment elle s’est faite accepter dans cette bande de garçons ?
Il y avait 2 filles sur le premier album mais elles ont toutes les deux quitté le groupe pour des raisons professionnelles. On a été 7 sur scène à un moment, et c’était cool. Nous 5, c’est vraiment le socle commun.

Vous êtes très connus pour avoir fait la BO de Juno, est-ce que vous avez envie de refaire du cinéma ?
Je crois que maintenant, il faut être lucides, c’était un one shot (rires). C’était grâce à Kimya Dawson, qui avait épousé un de nos copains d’Annecy, et juste avant de partir, elle nous a proposé de faire un album ensemble. C’était très anti-folk, comme album.

Et ça correspondait bien au film, finalement
Je crois que c’est Ellen Page qui était fan de Moldy Peaches, et Jason Reitman nous a choisi comme ça. Il y a eu 2 titres à nous dans le film. C’était une occasion incroyable, on rêverait de le refaire. Ce qui était cool, c’est qu’on sortait de notre premier album, et la BO de Juno a fait le top 1 des ventes aux US, donc c’était une super exposition.

En 10 ans de carrière, malgré vos parcours particuliers, vous avez réussi à garder l’essence du groupe, comment vous avez géré ça ?
Ça a beaucoup changé, il y a des chansons qu’on ne peut plus chanter du tout, elles nous correspondaient à 15 ans, plus à 25 ans. Tu es obligé de faire évoluer, tout en essayant d’être le plus sincère possible. Coming Soon, ça reste la même chose qu’avant dans le sens où c’est toujours nous. On a exploré différentes directions, et tout ce qu’on a changé, une manière de composer, une influence, on l’a fait ensemble. Et puis on a eu la chance de créer un label ensemble.

Il s’appelle comment ?
Kidderminster, dessus il y a The Pirouettes, parce que c’est notre batteur, il y a aussi Coming Soon, évidemment, et pas mal d’autres projets autour.

Votre groupe a déjà 10 ans, vous avez pu voir l’évolution technologique de la musique
On a commencé sur MySpace ! Même le nom Coming Soon est vraiment représentatif des débuts d’internet, on n’était que sur Dailymotion, YouTube n’avait pas encore émergé. Mais ce qui est drôle, c’est qu’on a toujours été extrêmement sentimentaux. On a toujours eu cette couleur, et quand on pense à “Big Boy”, “What To Do”, “Full For You”, jusqu’à “Not At My Best”, il y a vraiment des liens très clairs entre toutes les chansons.

Votre dernier album s’appelle Jukebox Sentimental, c’est l’amour en libre service ?
Chacun son interprétation, mais moi je le vois plutôt comme choisir l’interprète qui vous chante l’amour, plus comme un jukebox au sens premier. On parle d’une relation différente sur chaque chanson. C’était un vrai plaisir dans cet album de faire entendre les voix de tout le monde. Je le vois vraiment comme un catalogue de sensations dans lequel tu peux choisir.

Donc chacun a pu raconter son histoire ?
Oui, et puis même, on inventait. On l’a fait juste après une grosse tournée avec Adam Green. Son groupe l’avait un peu lâché et il avait besoin d’un backing band pour faire une tournée en Europe. On a fait une grosse tournée hyper épuisante, parce qu’il y avait des dates partout, mais c’était incroyable parce qu’Adam est une énorme star en Allemagne donc c’étaient des grosses scènes. Après on a écumé l’Angleterre, entre des endroits hyper cools et des endroits glauques, entre 2000 places à Londres et 20 personnes dans des bleds. Donc en revenant de cette tournée-là, tu es un peu vidé, ça te rend très sensible, c’est l’état post-tour. C’est dans cet état qu’on a écrit cet album.

Vous chantez toujours en anglais, alors que maintenant tout le monde chante en français, chapeau !
Les deux c’est bien, mais aujourd’hui les labels ont tendance à te dire qu’il faut absolument faire ton album en français. Alors qu’il y a 10 ans, avec The Do, Cocoon, ils te disaient de sortir ton disque en anglais parce que le français c’est ringard. C’est vraiment une histoire de mode. Alors que quand tu fais 10 ans un truc, ça peut être cool : c’est comme quand tu as les cheveux très longs et que d’un coup c’est la mode. T’as niqué tout le monde parce que c’est hyper long de se faire pousser les cheveux.

A l’inverse, il y a moins de groupes qui durent dans le temps…
Quand un truc marche, tout le monde se jette sur le projet, les tourneurs, les labels, mais il faut être efficace, rentable, et si ça ne marche pas, tu dois changer. Mais le jeu de la hype, ça va très vite et c’est fatigant : tu ne peux pas être sur le bon créneau pendant 10 ans. Si tu es trop là-dedans tu passes plus de temps à marketer ta musique qu’à la faire. Nous on s’est concentré sur faire de la musique qui nous plaît, avec des albums qui ont marché, d’autres moins, des albums que les gens ont compris, d’autre pas du tout. On a eu la chance d’avoir pu faire notre label, d’être indépendants. Ça fait 10 ans qu’on en vit tous, avec des moments plus ou moins angoissants, mais ça nous permet de prendre du recul.

Photo : @billyjet_pilot
Sophie est sur Instagram @sophierabreau