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[POP TALK] Eugénie, ce petit génie

On a parlé timidité, Garage Band et George Michael avec une fille simple au talent fou

23 ans, toutes ses dents, une voix de feu et des étoiles plein les yeux, Eugénie est de ces artistes qui ont l’air de faire des choses formidables sans avoir l’air d’y toucher. Si elle n’a pas vraiment connu MySpace, sa démarche spontanée l’aurait sans doute propulsée au rang de starlette des internets au début des années 2000. La bonne nouvelle c’est qu’on est en 2018 et que ça fonctionne toujours plutôt bien, la preuve.

Qui es-tu Eugénie ?

Je suis une fille simple, du 91, Dourdan tu connais ? C’est entre campagne et proche banlieue. Je suis né d’un père entrepreneur et d’une mère artiste peintre, très différents. La musique ça m’a toujours animé et j’ai suivi ce qui me faisait vibrer. Petite j’étais une boulimique de musique, je pouvais chanter sept heures d’affilée sans problème. Ca a du énerver mes parents, ils n’en pouvaient plus donc ils m’ont envoyée au conservatoire. J’ai pas du tout aimé. J’ai fait un an de violon et l’apprentissage stricte c’était pas pour moi, j’avais besoin de m’exprimer alors je suis sorte du système conservatoire. Il y avait un piano chez moi, celui de ma soeur, je lui piquait de temps en temps, mais comme c’était son instrument j’ai demandé une guitare. C’est comme ça que vers 13-15 ans j’ai commencé à faire mes propres chansons.

J’ai lu que tu étais une grande timide, ça va mieux ?

Ahah bah là tu vois j’essaye de me détendre un peu surtout en interview ! Je crois que la plupart d’entre nous [les artistes] sommes des introvertis qui aiment être sur le devant de la scène parfois. Il y a des fois où j’ai envie de tout casser et d’arriver sur scène et que tout le monde me regarde et écoute ce que j’ai à dire, et d’autre où j’ai envie qu’on me laisse tranquille, que je puisse mes chansons et qu’on me fasse pas chier quoi ahah. Les moments de lumières sont très rares, éphémères et super intenses par rapport aux moments d’ombres qui sont presque plus importants parce qu’ils y donnent accès.

Tu as commencé par des reprises que tu postais sur Facebook, pourquoi ce format ?

Comme j’avais remarqué que les gens consommait la musique très très vite, j’ai commencé par des format très très courts. Au début c’était chaque semaine, mais en menant mes études de com ça devenait un rythme difficile à tenir alors je suis passée à un format mensuel mais plus long. Ca m’a libérée artistiquement et c’est là que j’ai commencé les mashups, notamment celui entre Nekfeu et Wham! qui m’a fait dire que j’avais peut-être tué George Michael parce qu’il est mort pas longtemps après.
J’ai adoré les mashups parce que ça permet de créer quelque chose de nouveau et que c’est la seule manière de créer de la nouveauté, en mélangeant des morceaux, ou des styles déjà existants.

Garage Band c’est ton meilleur ami ?

Garage Band est devenu mon meilleur ami au lycée et pendant ma prépa. J’ai découvert l’appli sur mon IPhone et j’ai commencé à faire des prods. C’était un peu expérimental et décousu mais ça a construit un petit univers à base de sons électro et de samples. Maintenant je donne ce taf là à des gens plus talentueux ou aguerris et je suis très contente du résultat.

De ton appart à la scène ça a été facile ?

Ca n’a pas été une épreuve… Enfin si, la première promo de ma vie : 30 000 personnes pour une fête étudiante à Caen, tous déguisés, tous bourrés et je devais faire un quart d’heure après un DJ Set, c’était le baptême du feu. Je regrette pas du tout, ça m’a vaccinée, après ça je pouvais tout faire.
Et puis la Eugénie sur scène c’est pas la même, y a pas de place pour la timidité quand t’es sur scène. Tu dois défendre ton art, ça veut pas dire montrer tout ce que tu es mais montrer ce que tu as envie de montrer et à ce moment là je décide de ne pas montrer ma timidité.

Écrire en français c’est venu tout seul ?

J’écrivais beaucoup en anglais quand j’étais plus jeune parce que c’est ce que j’écoutais, et c’est venu naturellement. Mais ça voulait pas dire grand chose pour les gens et je sentais que ce que je chantais n’était pas forcément compris et ça a fini par m’irriter. Alors j’ai tenté en français. Au début c’était pas top, j’ai été un peu chaperonnée par mon manager qui lui écrivait en français et il m’a donné le coup d’envoi. Plus ça va plus je prends confiance et j’écris mes textes toute seule. Ca fait un an que tout ce que je fais j’essaye de le faire à 100% avec le moins d’intervenants possible et ainsi garder quelque chose d’assez brut.

Qui sont tes idoles ?

Je fais vraiment partie de la génération playlist. C’est peut-être triste mais on consomme très très vite la musique et on s’intéresse un peu moins aux artistes. je me remets à écouter des albums parce que j’en écris un moi-même, pour comprendre comment c’est fait, et je découvre des trucs fascinants. Récemment l’album de Teyana Taylor produit par Kanye West, Billie Eilish à laquelle je m’identifie pas mal, James Blake et Imogen Heap, un vrai coup de coeur.

Avec qui aimerais-tu collaborer ?

Avec des artistes émergents plus qu’avec des stars, ils m’inspirent beaucoup plus. J’aimerais travailler avec Tim Dup, un garçon hyper talentueux et qui a de très beaux textes. J’ai eu un coup de coeur pour Vianney, alors que je n’écoutais pas vraiment sa musique. Il m’a invité sur deux de ses premières parties il y a un an et vraiment ce mec est une belle personne, profondément empathique et qui fait des chansons populaires mais touchantes et bien écrites. On pourrait faire un texte ou une mélodie, c’est un super mélodiste aussi. Et sinon, un ricain ! J’ai toujours rêvé du tube qui passe en boîte, alors bosser avec Kygo. Mon morceau Puis Danse est plein de voix coupées et lui, c’est un peu sa patte, ça serait cool.

Photo Agathe Rousselle
Agathe est sur instagram @ag_rou