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[ITW] On a interviewé François Prost, le photographe qui déconstruit les clichés

A l’occasion de son exposition Photo Stories, du 7 Juin au 16 Novembre à La Superette Gallery, nous avons rencontrer François Prost et nous l’avons interrogé sur son travail autour des représentations et des apparences sociales.

Pouvez vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle François Prost, je suis né à Lyon en 1980. J’ai étudié les arts appliqués à Bruxelles à l’école Saint-Luc, puis je suis parti en Italie pour intégrer la Fabrica, le thinktank créatif de Benetton monté par Oliviero Toscani. Je me suis finalement installé en 2006 à Paris comme graphiste et directeur artistique, où je me suis spécialisé peu à peu dans les identités graphiques en travaillant principalement pour des agences de publicité.

En parallèle de mon activité professionnelle, je développe depuis quelques années un projet personnel de photographie. J’ai toujours fait un peu de photo a côté de mon boulot, mais cela a pris une dimension plus sérieuse depuis cinq ou six ans, lorsque j’ai entamé des séries photographiques. Depuis quelques mois, j’ai mis en pause mon activité professionnelle pour me consacrer à la finalisation des projets en cours, à en lancer de nouveaux, à travailler sur un livre qui devrait voir le jour à la rentrée 2018 et aussi à monter une exposition qui aura lieu a la Supérette Gallery à Paris du 7 juin au 16 novembre prochain.

Est ce qu’il y a des photographes ou d’autres artistes qui vous inspirent ?

Par l’aspect sériel de mon travail, je me dois forcément de citer l’école de Dusseldorf (Becher, Gursky) J’aime beaucoup l’approche honnête et sincère de Raymond Depardon. Martin Parr me semble toujours être une source d’inspiration immense, c’est sans doute un des photographes les plus marquant du 20/21e siècle, qui a inspiré et continue d’inspirer les nouvelles générations.

Dans les photographes plus contemporains, je m’intéresse a plein de choses différentes, que ce soit des photographes de natures mortes comme Carl Kleiner, des photos de mode trash et efficace de Toilet Paper ou des orientations plus documentaire de James Mollison, Nick Hanes, Pieter Hugo, Yann Gross ou plus conceptuelle de Erik Kessel ou Jan Hoek ou des photos de rue de Matt Stuart. En dehors de la photo, J’aime l’aspect radical de Stefan Sagmeister. je me nourrie également beaucoup des images du quotidien, des images qu’on retrouve dans nos boites aux lettres aux photos de sandwicht kefta qu’on retrouve sur les devanture de kebabs, chaque image a une origine sémantique et c’est cela qui m’intéresse. J’aime également les livres, et je pense notamment a un livre que je trouve particulièrement passionnant que j’ai chez moi qui s’appelle “Here is New York“, qui répertorie des milliers de clichés (pour la plupart amateurs) de la catastrophe du 11 septembre. On y trouve autant des images de pompiers en train de ramasser des bouts de membres déchiquetés dans les décombres que des gens en train de siroter un verre sur leur terrasse avec les 2 tours en train de s’écrouler au loin dans le fond, c’est comme un instantanée de toute la ville de New York sur cette journée historique, et ca rend ce livre particulièrement fort et touchant.

Comment trouvez vous les thèmes de vos travaux ?

Il me semble important de devoir sans cesse interroger la notion d’apparence sociale et tous les aprioris qui en découlent. Dès lors que l’on cesse de l’interroger, alors on rentre dans un cliché, et la photo est pour moi un moyen de combattre cette notion de “cliché“. J’essaie de trouver des sujets qui interrogent sur les jugements de valeurs, sur ce qu’ils signifient, et d’où ils viennent. Je trouve intéressant de mettre en lumière le banal car cela nous pousse à remettre en question nos aprioris et notre jugement de la banalité. J’ai également une fascination pour tout ce qui touche au factice, et toutes les maladresses qui en découlent, souvent révélatrices de vérité. Dans ma série sur la Chine par exemple, certaines statues supposées imiter des sculptures antiques ou classiques du Louvre ont des visages légèrement “asiatisés“. On pourrait juger cela assez pathétique à premiere vue, mais je trouve que c’est surtout un détail qui apporte une certaine forme d’authenticité et d’identité à ces statues. Ces défauts sont également des indices assez révélateurs du contexte et de l’origine culturelle de leurs créateurs.

Quel matériel avez vous utilisé & pourquoi ?

Je fais principalement du numérique, par souci d’agilité.

Avez vous d’autres thèmes en tête ? d’autres projets sur lesquels vous souhaitez travailler ?

Pour l’instant, je finalise les projets que j’ai en cours, je travaille sur mon livre et sur l’exposition, mais j’aimerais bien sur continuer a produire des images et des séries. Je n’ai rien de très précis en tête, mais cela devrait venir naturellement. J’’essaierais de faire peut être des choses dans d’autres registres que ce que j’ai fait jusque maintenant.

Retrouvez toutes les infos sur l’exposition Photo Stories ici

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