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POP CORN : Le cri d’une Jeune Femme.

Ouvre ! Ouvre ! Ouvre-moi !

Elle tambourine, crie face à la porte d’un appartement. Elle désire simplement rentrer, discuter avec celui qui décide de la quitter.
Voilà comment on rencontre Paula, la Jeune Femme de la réalisatrice Léonor Serraille.

 

Dans les décombres du festival de Cannes 2017, il en reste encore des films à découvrir et Jeune Femme fait partie de ceux-là.
Toujours dans la pénombre des prestigieux prix : la palme, le prix du scénario etc. La caméra d’or, elle, arrive toujours à se faire entendre.
Après le succès en 2016 de Divines de Houda Benyamina, Léonor Serraille présente sa Jeune Femme l’année suivante et repart donc avec son graal : le prix de la Caméra d’Or qui encourage les jeunes artistes au talent prometteur en récompensant leur premier film.

 

Jeune Femme est le portrait de Paula, 30 ans, une âme (pleine de vie) errante dans les dédales de Paris.
Délaissée par sa mère, reniée par sa seule amie, quittée par son riche mari et expulsée de son appartement, Paula est sans attache, hystérique, bipolaire et surtout dans la merde.
De galère en galère, où la vie la maltraite, elle vocifère contre ceux qui lui veulent du bien : « franchement vous ne connaissez pas votre boulot, je ne suis pas quelqu’un qu’on hospitalise » rétorque-t-elle à son médecin, « j’étais tout pour lui, je ne suis plus rien » en parlant de son mari.

Alors quand on est au fond du fond du trou, que notre monde s’effondre et que la seule main qui est tendue vers nous ne sert qu’à nous maintenir la tête sous l’eau, eh bien, on se réinvente.

À travers une parole furibonde et des discours décousues mais non sans sens, Paula tente de s’en sortir.
En cherchant du travail, elle se retrouve à jongler entre hôtesse d’un bar à culottes et baby-sitter.
En cherchant un homme, elle se retrouve entre les bras du vigile diplômé en science économique qui travaille dans le même centre-commerciale qu’elle.

Tout se mélange et dans ce brouillon vide de vie.
Paula s’émancipe tout en dégringolant de l’échelle sociale : pour une fois tout est bien quand on finit avec rien.

Laeticia Dosch est éblouissante dans ce premier (vrai) rôle, difficile de la suivre de près tellement son jeu et rapide et sans forme. Elle est en perpétuel mouvement, utilise tout ce qu’elle a sous la main pour édulcorer ses paroles : un chat, du nutella, du papier toilette etc.
Le ridicule est une partie intégrante chez Paula.
Léonor Serraille et Laeticia Dosch ont développées un personnage libre, nourrit par des dialogues fins qui laissent amplement paraître une belle tonalité humoristique.
Avec ce film, on peut déjà voir se dessiner un long chemin cinématographique pour ces deux belles jeunes femmes.

Matteo est sur Instagram @matteoveca