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[ITW] Eli Escobar, baron de la dance.

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“Je crois que de l’art bien fait doit laisser de la place pour l’interprétation”.

La sortie de Shout le 19 janvier dernier a marqué un tournant dans l’écriture d’Eli Escobar, DJ New-yorkais, amoureux de disques et de dance music. Ce dernier opus est plus politisé, plus fort et sans concession, à l’image de l’ambiance générale actuelle aux États-Unis.
Rencontre.

Qui est Eli Escobar ?

Un DJ et un fou de musique de New York City et qui fait aussi de la musique lui-même parfois. J’ai aussi les chiens.

J’ai lu quelque part que tu as fait partie d’un groupe de hardcore?

Au lycée oui! J’étais dans un groupe qui est devenu pas mal connu! On a joué dans des salles légendaires. On était pas vraiment hardcore, plutôt un micmac de reggae, de punk et de rock alternatif.

Comment es-tu devenu DJ?

Je collectionne les disques depuis que je suis gamin. J’ai commencé dans les années 1980 et début 90 j’ai commencé à faire des cassettes et à m’intéresser au mixage. Ce que je faisais c’est que je jouais mes cassettes avant les concerts de mon groupe et je regardais comment les kids réagissaient. Puis en 1993 un ami m’a donné sa vieille platine et je m’y suis mis direct. J’ai quitté mon groupe et commencé à organiser des fêtes à l’école, j’ai été happé!

Comment décrirais-tu la scène New-yorkaise?

En ce moment je la trouve hyper saine! On trouve toujours quelque chose à faire ou une fête qui va prendre en compte une grande amplitude de publics et de musiques différents. La liberté musicale y est géniale. Je peux jouer n’importe quoi de Yellow à Kanye en passant par Radio Slave ou Chaka Khan et les gens restent de la partie. J’adore la diversité d’ âges à NYC, ici les gens ne s’arrêtent pas de sortir parce qu’ils ont 30 ans. Ici, c’est pour la vie.

Tu es plutôt producteur ou DJ?

Sans doute DJ. C’est mon grand amour. SI l’inspiration pour faire de la musique me vient par vagues, j’ai constamment envie de mixer. Je fais ça depuis 25 ans et je crois que j’aime ça aujourd’hui plus que jamais.

Quelles sont tes plus grandes inspirations?

Elles viennent de partout. Quand j’était ado j’adorais l’art moderne et le New Wave. Dans les années 80 et 90 j’ai été totalement obsédé par le rap et je dévorais tous types de magazines, musique, mode, art, et les disques! Tout mon argent y passait. Stevie Wonder et Gil Scott Heron sont ultra importants pour moi et ont beaucoup influencé mon dernier album en particulier.
Je veux que ma musique soit unique alors je prends toutes ces influences et j’essay de les traduire en dance.

Avec qui voudrais-tu collaborer ?

Boy George! Ou avec ce nouveau rapper Leikeli47, il est génial.

Tu dirais que Shout est plus engagé que Happinness ?

Peut-être plus concentré. Je l’ai conçu dans un état d’esprit très particulier, c’était une expérience très intime. J’étais totalement seul et je devais gérer beaucoup d’émotions en même temps. Tout est venu très vite. Et même si j’exprime des choses très claires et directes je ne veux pas que ça force quelque chose dans la façon que les gens ont de l’écouter. Je crois que du l’art bien fait doit laisser de la place pour l’interprétation. J’espère que les auditeurs pourront écouter et en retirer ce qu’ils souhaitent.

Cet album commence par un track très fort « Nightmare Rag », les sirènes de police qu’on entends en fond sont-elles une référence à ce qu’ils se passe aux US ces derniers temps?

Je suis très influencé par les deux premiers opus d’Ice Cube. Il utilise toujours beaucoup de sons d’ambiance pour peindre plus précisément l’histoire qu’il raconte. Inconsciemment j’ai dû me servir du même procédé pour dépeindre les US au moment très précis où j’écrivais. Tout était vraiment moche et, quelque part, la chanson elle-même parle de moi en deuil.

Comment as-tu trouvé l’équilibre parfait entre acid, house et disco ?

Hmmm, j’ ai fait ça? C’est peut-être que j’aime vraiment trop ça. Je vis et je respire la dance, je ne vois pas les différents genres, et si vous m’entendez jouer vous les entendrez tous!

Tu es inquiet pour le devenir des Etats-Unis ?

Bien sûr. Et du monde, comme nous tous, non? J’ai grandit dans les années 80 et je pensais à la possibilité d’une guerre Nucléaire chaque soir avant de dormir. I thought about Nuclear War every night before I fell asleep. Il y avait du crack plein mon quartier, j’y ai vu une femme prendre toutes ses dents, le SIDA n’était pas loin… Donc bon, j’ai toujours été inquiet, mais j’ai aussi toujours fait de mon mieux pour voir de l’espoir. On va juste devoir survivre aux trois putain de prochaines années quoi!