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Les grands studios suivent la voie de Netflix

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Il s’est passé pas mal de choses entre Netflix et les géants du cinéma ces derniers jours ; on vous résume la situation.

On apprenait la semaine dernière que Disney mettra un terme l’année prochaine au contrat de diffusion qui la lie à Netflix. Là où ça se gâte, c’est que cette rupture s’accompagne de la création par Disney d’une plateforme de streaming propre, qui sera donc une concurrente directe de l’entreprise de Los Gatos.

En réalité, le problème n’est pas nouveau : en 2015 la Paramount, MGM et Lionsgate avaient déjà quitté la plateforme. C’est d’ailleurs pour anticiper ces départs que Netflix a créé ses propres studios de production il y a 5 ans, grâce auxquels elle propose ses fameux Netflix Originals parmi lesquels de nombreuses séries comme House of Cards, Strangers Things ou encore Narcos. Mais aussi des films, comme War Machine avec Brad Pitt et Okja, sélectionné au dernier festival de Cannes.

Tous les films des franchises Disney disparaîtront donc de Netflix US et Canada, les deux seuls pays ayant accès aux productions Disney actuellement, dès l’année prochaine. Pour donner un ordre d’idée, Walt Disney Company, ce n’est pas uniquement La Petite Sirène et consœurs, mais aussi la chaîne sportive ESPN, la franchise de super-héros Marvel et le studio Lucasfilm, propriétaire des films Star Wars.

Pourtant, Netflix produit actuellement plusieurs séries estampillées Marvel comme Daredevil, et s’était vue accorder l’exclusivité de la diffusion des blockbusters Disney comme Star Wars ou encore Indiana Jones il y a à peine plus d’un an, en échange de plusieurs centaines de millions de dollars. En toute logique, Netflix cherche donc déjà à négocier les termes de la rupture du contrat, notamment pour conserver les films de l’accord passé l’année dernière.

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L’histoire ne s’arrête pas là : deux jours après Disney la Fox, propriétaire des mythiques studios 20th Century Fox, a annoncé vouloir faire de même. Son directeur général James Murdoch, fils du magnat de la presse Rupert Murdoch, a confirmé le retrait des films produits par la Fox de la plateforme Netflix, ainsi que son intérêt pour la création d’une plateforme de streaming propre. 20th Century Fox a produit des films tels que Titanic, X-Men, Alien, Avatar ou encore L’Âge de Glace.

Cette fuite des géants s’explique par l’hégémonie de Netflix dans le business des plateformes. Disney avait d’abord tenter de racheter l’entreprise, en vain. Ensuite, elle avait choisi d’investir dans un de ses concurrents principaux (avec Amazon Prime), Hulu. Apparemment, la stratégie n’a pas porté ses fruits ; dernière stratégie en date, donc, la création de cette plateforme de streaming propre.

Est-ce une tentative d’intimidation plus qu’une réelle ambition ? Après l’annonce du rachat des studios de super-héros Millar World par Netflix la semaine dernière (dont on vous avait parlé ici), tout laisse à penser que les géants de la production veulent empiéter sur le terrain de la plateforme, parce que la plateforme a d’abord empiété sur le leur.

Cependant, Netflix domine largement le secteur de la SVOD, à peine concurrencé par le service Prime du géant Amazon. Les studios classiques risquent de peiner à trouver leur place, car les utilisateurs ne s’abonneront pas à une multitude de services de SVOD ; il faudrait donc qu’ils migrent des plateformes auxquelles ils sont déjà abonnés, vers celles de Disney ou de la Fox. Pour le moment, le scénario est peu plausible.

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Cerise sur le gâteau : les géants de la tech s’y mettent aussi. Alors qu’Amazon concurrence déjà Netflix directement avec Prime et que YouTube a lancé son service Red en 2015, Facebook a annoncé la création de sa plateforme vidéo Watch. Elle sera un hybride entre YouTube, Netflix et Facebook Live qui permettra aux utilisateurs de regarder des programmes conçus par National Geographic ou encore Buzzfeed, de les partager et d’y réagir en direct. Un moyen pour le réseau social de miser sur ce qui est son nouveau relais de croissance principal : la vidéo. Twitter lancera également sa Twitter TV, un service de streaming 24h/24. De ce côté là, Netflix a beaucoup de souci à se faire.

On se souvient qu’Okja, en sélection à Cannes cette année, avait été très mal accueilli par les festivaliers, et même hué lors de sa projection. Les acteurs Tilda Swinton et Jake Gyllenhall avaient dû se justifier de leur choix de participer au projet. Cette réaction épidermique s’explique par la menace, réelle, que représente Netflix pour l’industrie du cinéma.

Une plateforme n’a pas d’intérêt à sortir ses productions dans les salles de cinéma, de par les coûts que la distribution engendre. Une généralisation du modèle de la VSOD pose donc la question de la pérennité des salles obscures. Or, si on prend l’exemple de la France, ce sont les entrées en salle qui financent le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC) ; et le CNC contribue en grande partie au financement du cinéma. Remettre en cause les salles de cinéma en créant toujours plus de plateformes, c’est donc remettre en cause le cinéma tout entier.