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[ITW] Mathias Chelebourg, Auteur, Réalisateur et créateur de contenus VR

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A l’occasion des Cannes lions, festival de la créativité on à eu l’opportunité d’interviewer Mathias Chelebourg, un réalisateur qui croit en l’avenir VR

Que représente Cannes et le festival LIONS pour toi ?

Je me remets encore à peine de Cannes ciné, et pour moi les Lions c’est une sorte de réalité alternative. Regardez autour de vous, tout est irréel, je suis convaincu que c’est une matrice !

 Tu travailles souvent avec de la VR, comment appréhendes-tu la construction d’un film sans notion de hors-champ?

On ne construit clairement plus les films de la même manière !  Dans un casque de VR on n’a que de 120° de champ devant les yeux à un instant T, pour avoir le reste il faut tourner la tête ou se déplacer, il y a donc encore du hors champ, mais c’est le spectateur qui en est maître. Moi je dois le prendre par la main pour l’amener où je le souhaite tout en lui laissant l’impression d’être en contrôle. C’est un exercice d’équilibriste, parfois plus proche du théâtre immersif que du cinéma classique. C’est une forme de réalisation moins dirigiste. J’ai acquis la conviction que la scénographie était une des clefs principales de ce challenge. On doit mettre une attention toute particulière dans la création d’espaces pour redessiner des cadres dans cette sphère.

Pour toi quel est le rôle du médium VR et l’avenir de ce medium au sein de la publicité ?

Les applications en terme d’advertising sont illimitées et malheureusement peu de marques acceptent de prendre les risques nécessaires pour sortir du lot. La VR ça ne pardonne pas, on ne peut pas se permettre de faire des compromis, il faut accepter de mettre les moyens. Un film 360 de piètre qualité est un très mauvais investissement par exemple.

On doit se servir de la VR dans une stratégie globale et pas comme une fin en soi. Son déploiement doit être réfléchi et pris en compte très tôt dans le processus de fabrication. On peut alors repenser la manière d’exposer des produits, la façon de ramener le spectateur dans des lieux de vente, etc… L’impact émotionnel que l’on peut aujourd’hui obtenir avec un film immersif dépasse de loin l’influence d’un film digital classique pour un coût équivalent. On dispose donc d’un nouvel outil puissant pour créer un lien sensible et une empreinte forte des spectateurs avec l’univers d’une marque.

Pour toi la VR c’est une question de mode ou est-ce un medium qui sera incontournable ?

La VR est là pour durer ! On est en train de vivre la deuxième vague de réalité virtuelle en 20 ans et son effet a été décuplé par la miniaturisation des écrans haute définition, la montée en puissance des processeurs graphiques et Internet.  Elle génère aujourd’hui un engouement qui dépasse l’entendement dans des disciplines ultra variées. Ses applications vont devenir incontournables dans tous les domaines.

Il faudra juste être vigilant aux effets de bulles, et de course fébrile à l’armement. Nous avons la responsabilité en tant qu’artistes de nous torturer l’esprit pour continuer à construire des contenus innovants de très grande qualité en phase avec le rythme effréné d’évolution de la technologie elle-même. Sous peine de quoi les gens se lasseront avant même d’avoir effleuré la surface du potentiel de la VR. Le contenu est la vrai bataille, les gens qui investissent dans des home cinéma le font poussés par le désir de voir des bons films, pas uniquement pour le challenge technique !

Comment as-tu débuté ta carrière de réalisateur ?

J’ai démarré en faisant, beaucoup, et souvent tout, moi-même et dans des registres très différents. Du clip, de la publicité digitale, du documentaire, des films expérimentaux. Mon salon ressemble à un laboratoire de curiosités, j’ai chez moi des caméras 16mm, des consoles japonaises démontées et une armada informatique avec lesquelles je code et modélise des univers en 3D.  Cette mentalité expérimentale et touche-à-tout m’a permis de découvrir la réalité virtuelle très tôt via le KickStarter d’Oculus en 2012, et de prendre une belle longueur d’avance. Ça a été une intuition vraiment payante qui m’a donné accès à des marques et des références que je n’aurais probablement jamais pu atteindre aussi jeune dans un environnement de compétition permanente !

C’est ce que je trouve vraiment passionnant avec notre époque, si on fait l’effort de garder un œil curieux on peut détourner toute technologie en un medium d’Art, on a jamais eu autant d’outils à portée de main pour créer et expérimenter !

Tes projets pour la suite ?

J’ai eu la chance de présenter à Cannes une expérience totalement interactive autour de l’univers d’Alice au Pays des Merveilles. A la frontière du spectacle vivant et du film d’animation, l’utilisateur peut parler, se promener et littéralement devenir un acteur de l’univers qui réagit et évolue en fonction de son comportement. Les retours qu’on a reçus sur l’oeuvre pendant le festival étaient incroyables ! Je viens d’apprendre que l’on va partir en tournée, première étape la Mostra de Venise fin Août ! Je vous y invite chaleureusement. ;)
A part cela j’ai aussi plusieurs projets de fiction en développement et des projets ”brand” et documentaires également.