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Etats-Unis : La relève du rap féminin

Le hip-hop est une culture à part entière. Apparue aux Etats-Unis il y a un peu plus de 30 ans, elle est née de la rue, très largement dominée par les hommes. D’abord inexistantes dans le milieu, puis réduites à de simples faire-valoir via une grande majorité de textes sexistes, les femmes ont du mal à se faire entendre. Bref, le rap, c’est un truc de mecs. Pourtant on peut compter une dizaine de rappeuses qui ont su entrer dans le « rap game » et marquer l’histoire du Hip-Hop. On pensera alors à Lil kim, Queen Latifah, ou encore Mc Lyte… Durant cette période, ces nouvelles MCs apparaissaient au masculin : des vêtements à l’attitude, en passant par les textes et le flow. Quoi qu’il en soit, elles auront participé à l’avènement de cette culture, et notamment à son âge d’or (88-93) .

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Petit topo sur les héritières américaines du Hip-Hop.

Fini les rappeuses qui cachent leur féminité, aujourd’hui on affiche (trop) son corps : tenues sexy, extravagantes et textes à caractères sexuel et violent.
Bienvenue dans l’ère de l’ego trip et de la trash culture. Il y a quelques années, Nicki Minaj dominait ce paysage , mais elle a fini par plonger dans un côté pop/mainstream inattendu de la scène Hip-Hop – créant d’ailleurs pas mal de débats.
C’est à partir de 2011 qu’une vague de rappeuses apparaît. Elles s’appellent Azealia Banks , Iggy azalea et depuis, peu Angel Haze ou Dominique Young Unique. Et tout comme les rappeurs, elles ont leurs mots à dire.

1/ AZEALIA BANKS : HARLEM STYLE

Côté East , il y a Azealia Banks. Auteur, compositrice et interprète, Azealia Amanda Banks est née à Harlem à New York. Après avoir commencé par des études d’art, elle décide de se concentrer sur l’écriture et la création musicale. Parfois perchée, Banks impose son univers, que l’on compare volontiers à la britannique M.I.A . En 2011, elle dévoile son single “212”, et se retrouve classée 3eme dans le fameux « Sound of the year » délivré par la BBC, tout en bénéficiant d’un très bon accueil du public (69 millions de vues sur Youtube).

Ce qui est nouveau dans la musique de Banks, c’est qu’elle réussi à ramener les vieux démons House des années 90 et a les mêler à des univers plus dark, sur fond d’electro.

Aujourd’hui, Azealia est un personnage charismatique et reconnu dans la sphère Hip-Hop. Connue pour son tempérament de feu, elle assume son image : décalée, originale, c’est une artiste qui n’a pas peur de se renouveler. Toujours un coup d’avance. C’est ce qu’on appelle: être en ligne avec son époque. Son premier album, sorti en Mars, est intitulé “Broke with Expensive Taste”.

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2/ IGGY AZALEA : LA HIT GIRL

Iggy n’est pas vraiment Américaine, elle est Australienne. Née à Sydney, elle décide à l’âge de 16 ans de partir, seule, à Miami, pour y faire de la musique. Elle se considère comme une Américaine, soit.
C’est en 2011 qu’elle se fera remarquer avec son track «Pu$$y».

Après avoir signé sur Grand Hustle record, elle collabore avec T.I ( son parrain) et sort le fameux « Murderer Buziness ». Enfin « my World » et « Work »  la propulseront au devant de la scène.

Sulfureuse, elle incarne une véritable icône : cette grande blonde aux courbes voluptueuses en charmerait plus d’un. Iggy représente le RAP 2.0. Des sons terriblement modernes, proches de la trap music, aux  basses lourdes, oscillant constamment entre sonorités club et rap trash. Toujours très apprêtée, elle joue beaucoup sur la séduction, et n’hésite pas à twerker quand il le faut. En Avril dernier, la rappeuse à la voix langoureuse, sort enfin son album « The new classic ». Bref, Iggy Azalea rentre dans le vif du sujet et une longue carrière l’attend.

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3/ANGEL HAZE : LA PURISTE

Raykeea Angel Wilson alias Angel Haze est une rappeuse plutôt introvertie qui n’aime pas vraiment être sur le devant de la scène. Faire de la musique est la seule chose qui l’anime. Originaire du Michigan (Detroit), elle vit dans une secte religieuse : Greater Apostolic Faith. Coupée du monde extérieur, elle n’avait pas le droit de parler aux non adhérents, d’écouter de la musique, ou encore d’éprouver quoi que se soit pour quelqu’un. Angel Haze finit par fuir cette communauté avec sa mère, et s’installe à Brooklyn alors âgée de 16 ans. Elle y sort son premier EP « Reservation » avant de signer chez Republic Record qui produira son premier album « Echelon » en 2013.

Des textes sincères, des productions sans fioritures qui laissent entrevoir une personne fataliste et pragmatique. Angel Haze touche par son histoire, émerveille par son talent. Elle reprendra en 2013, avec Iggy Azalea, « Otis » de Kanye West et Jay-z.

4/DOMINIQUE YOUNG UNIQUE : L’ASSASSINE

A 24 ans, Dominique fait déjà beaucoup parler d’elle. Née dans les quartiers pauvres de Tampa en Floride, cette rappeuse est marqué par une enfance difficile – entourée de violence et de misère. Elle puisera alors son inspiration dans son vécu. D’abord mannequin, elle trouve refuge dans un Rap agressif, des textes provocateurs et plutôt vulgaires. Dominique se la joue gangsta.
Les sonorités électroniques sont très présentes dans sa musique, ce qui la rapproche de Banks. Cependant, elle n’hésite pas à démolir cette dernière, ainsi que Nicki Minaj. Révélée grâce à son track “Earthquake”, BO de Kick Ass 2., on découvre une jeune femme prête à écraser tout ceux qui se mettent sur son passage. Dominique a la langue bien pendue et promet d’être au cœur des hostilités dans quelques mois.

 

 Au delà de la scène médiatique, rassurez-vous la scène underground n’est pas morte. Voici deux coups de coeurs:

1/ REVERIE

Bien loin des projecteurs, le Hip- Hop underground vit encore. Un grain old school, des textes profonds et même des scratchs (oui oui). On peut largement comparer REVERIE à Queen Latifah ou encore Nas. Sa voix soul et son flow à l’ancienne font preuve d’un vrai lyrisme. Son petit frêre endosse le rôle de beat maker largement inspiré de la West coast. C’est d’ailleurs à Los Angeles que vit la rappeuse, bercée par la scène Hip-Hop ancestrale de Dr. Dre et Snoop Dog.
A seulement 23 ans, REVERIE écrit de façon engagée,  faisant preuve d’une humilité et d’une aura incroyables.
Son dernier album “Woolgathering” est époustouflant. Petite préférence pour “Nothing to say”.

 

2/GAVLYN

Originaire de Los Angeles (décidément) Gavlyn rappe sur des instrus aériennes. Inspirée de la funk des années 70, elle produit un rap chill, parfois psyché. Gavlyn sort son album « From the art » en 2012 dont le single « What i do » en est tiré (et qui a récolté 4 millions de vues). Depuis, elle a assuré une tournée Européenne sold out. Son flow unique fera d’elle une des pépites de la scène hip-hop alternative.

 

Ces femmes prouvent que le rap n’appartient plus à un sexe et que les temps changent. Jeunes et talentueuses, elles affrontent la vie comme elles abordent leur texte : avec ambition et passion.

Marine