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La Slow TV

I LES ORIGINES

 La « Sakte-tv » ou plus communément appelée « Slow TV » est un concept d’émission en temps réel qui a vu le jour en Norvège il y a 3 ans. Boring, allez vous dire… et pourtant ce nouveau genre télévisuel fait un carton dans le grand Nord. Près de 2,5 millions de personnes y ont suivi en 2011 l’émission Hurtigrute sur la chaîne NKR : L’émission montrait, en temps réel (135 heures de retransmission), le voyage du navire de croisière MS Nord-Norg. 11 plans de caméras accompagnés de musique et de sons ambiants pour une immersion complète sur la route des fjords, à découvrir ici (en 5 minutes, rassurez-vous):

 En 2012, la chaine récidive face à l’engouement.Rune Møklebust, chef de la programmation sur NKR en Norvège, pose une caméra dans le cockpit d’un train parcourant pas moins de 729km de Trondheim à Bodø (pour les incultes, voir la map). Résultat : une magnifique vidéo de 10 heures. Des montagnes, des forêts, des plaines enneigés, des maisons abandonnées, le tout sous quelques rayons de soleil. L’émission fait un carton d’audience : La Slow TV devient un phénomène médiatique.

II UNE TV HUMAINE

Le concept Norvégien n’a pas mis longtemps avant d’arriver chez nous. Pourtant, on imaginait moins 5 heures de tricot- de la tonte à la confection- (true story: ici) déchaîner les passions en France. Et pourtant, Le 31 Mars dernier, la chaîne française France 4 a tenu ce pari ambitieux en lançant l’émission TOKYO REVERSE.  Un succès.
Tokyo Reverse, c’est quoi ? C’est la mise en scène d’un seul et unique acteur Ludovic Zuilli (co-créateur de l’émission) marchant à l’envers dans la ville de Tokyo et ce… pendant 9h. Si au premier regard, la vidéo peut laisser perplexe, après quelques minutes de la vidéo, on se sent transporté, hypnotisé, subjugué. Les lieux, les mouvements, les couleurs, elle rend attentif à tout, chaque détail, là où l’habitude nous mènerait à une consommation rapide et instantanée. Ici, devant votre écran, le temps prend ses libertés, tout se détend et s’étire d’une façon très poétique.

 

Tokyo Reverse c’est aussi la performance de l’excellent pianiste Francesco Tristano, qui a enregistré en live, devant le film , la bande originale du programme dans le 20e à la Bellevilloise, retransmis  sur Radio Nova.


Live Tokyo reverse – La Bellevilloise par france4

Malgré une faible audience, sur internet le #TokyoReverse était l’un des trends topics les plus importants sur Twitter. Le projet a bousculé le format télévisuel actuel et a besoin de temps pour s’installer. Tokyo Reverse relève de la création artistique, une Slow TV « Humaine et Urbaine » (sic ses créateurs) .

III POURQUOI CA FONCTIONNE ?

A l’heure où les chaînes TV peinent à se renouveler et à prendre des risques, la slow TV – et particulièrement Tokyo Reverse – offre un contenu véritablement créatif. Ici le format intrigue, rend curieux, voire fascine. C’est un programme à contre-courant qui ravive notre esprit et notre rapport à la télévision. Cette tendance appelée aussi « Télescargot » ne manque pas d’inspirer certains réalisateurs et journalistes. C’est ARTE qui prend le pas, en sortant la semaine dernière « 24h Jérusalem », un reportage de 24h dans la ville sainte. Un reportage au cœur de la ville, de son multiculturalisme, au travers du quotidien d’une dizaine de familles. Un documentaire dont le format apporte une vision plus immersive et réaliste.

 

Cette slow TV est aussi l’occasion d’impliquer les spectateurs dans ces émissions, de lui permettre de débattre, commenter, analyser tout en ayant le temps de digérer les informations.

On se quitte sur une slow music avec Time des Pachanga Boys :